Avecle confinement et la fermeture des Ă©coles, les sĂ©ances de catĂ©chĂšse ont dĂ» ĂȘtre suspendues. De mĂȘme que les enseignants ont mis en place l’enseignement par internet, les catĂ©chistes ont proposĂ© aux enfants et Ă  leurs familles la continuitĂ© de la catĂ©chĂšse via des sites internet (essentiellement celui du diocĂšse avec le ressourcement spirituel hebdomadaire, celui
ResĂșmenes L’exemple des catĂ©chismes en images » qui proposent en une suite de tableaux une traduction visuelle de l’“abrĂ©gĂ© de la doctrine chrĂ©tienne” permet de s’interroger Ă  travers un corpus spĂ©cifique bien distinct, par son iconographie comme par ses usages, de l’imagerie de piĂ©tĂ©, sur une modalitĂ© de l’appel aux sens dans l’enseignement productions originales qui ne sont pas rattachĂ©es Ă  un manuel diocĂ©sain, connaĂźtront, pour certaines, une diffusion trĂšs importante entre les annĂ©es 1860 et 1930 Ă  travers les diffĂ©rents mĂ©dias de l’époque chromolithographies de grand format, albums de gravures en noir, vues sur verre pour projections lumineuses puis films fixes... Porter sur ces publications un regard qui ne s’intĂ©resse pas seulement Ă  leur contenu catĂ©chĂ©tique mais aussi Ă  leur intention pĂ©dagogique, ouvre un dĂ©bat sur la place de l’image dans l’appropriation de la foi qui ne recoupe qu’en partie la question, si souvent dĂ©battue, de sa validitĂ© dans l’espace cultuel. Au-delĂ  d’une efficacitĂ© didactique supposĂ©e, la complexitĂ© des mises en page propose un dispositif mnĂ©monique qui habite l’imaginaire du spectateur en jouant sur plusieurs registres la disposition des sujets facilite la mĂ©morisation ; le choix des illustrations ancre dans le rĂ©cit biblique ou au contraire favorise l’actualisation du prescrit et par effet de miroir implique le fidĂšle dans l’observance des commandements ; le rĂ©emploi d’une iconographie savante ou traditionnelle inscrit dans un passĂ© commun et permet l’appropriation d’un patrimoine. Examiner la diversitĂ© de ces formes visuelles, puis les arguments thĂ©oriques qui fondent leur recours, permet de cerner plus prĂ©cisĂ©ment ces rĂŽles et de tenter d’en Ă©tablir la portĂ©e dans l’utilisation contemporaine de l’image au sein d’une catĂ©chĂšse profondĂ©ment renouvelĂ©e. “Picture catechisms” offer a visual translation of an “abrigded Christian doctrine” through a series of paintings. Given their iconography and their usage, they represent a clear and specific corpus of the imagery of piety, from which to study the modality of the search for meaning in religious of these original productions, which are not part of the catechisms published by the dioceses, were widely distributed between 1860 and 1930 through the various media of the time large format chromo-lithographies, black and white engraving albums, glass engravings to be used for projections, still films... Studying these publications not just for their religious content but also for their pedagogical intentions raises questions about the place of images in the process of appropriation of faith, which are partly different from the often-debated issue of their validity within the place of worship. Supposedly justified by its didactic efficiency, the complex lay out offers a mnemonic plan which penetrates the viewer’s imagination at various levels the disposition of the subjects facilitates memorisation; the choice of illustrations refers to the biblical story or, on the contrary, highlights the contemporary dimension of religious law and through a mirror effect leads the believer to observe the commandments; the use of highbrow or popular iconography anchors the viewer in a common past and favors the personal appropriation of a religious heritage. Through a survey of these various visual forms and of the theoretical arguments which justify their use it is possible to define these roles more precisely and to attempt to establish their impact through the contemporary use of images by a profoundly renovated catechetics. El ejemplo de los “catecismos en imÎŹgenes ”, que proponen a travĂ©s de una serie de cuadros una traduccin visual del “resumen de la doctrina cristiana ”, permite interrogarse sobre una modalidad de solicitacin de los sentidos en la ensenanza religiosa, y eso, a travĂ©s de un corpas de estampas de piedad que es, tanto por su iconografĂ­a como por sus usos, especĂ­fico y distinto. Estas producciones originales que no fueron vinculadas con un manual diocesano conocieron, por lo menos algunas de ellas, una difusiĂłn muy amplia entre 1860 y 1930 en los medios de comunicaciĂłn de la Ă©poca cromolitografĂ­a de gran tamaño, ĂĄlbum de grabados en blanco y negro, vistas grabadas sobre vidrio para proyecciĂłn luminosa, luego pelĂ­culas fijas. Interesarse en estas publicaciones no sĂłlo desde el punto de vista de su contenido de catequizaciĂłn, sino tambiĂ©n atendiendo a su intenciĂłn pedagĂłgica, abre un debate sobre el papel de la imagen en la apropiaciĂłn de la fe, debate que no se reduce a la cuestiĂłn ya bastante discutida de la validad de la imagen en el espacio cultual. En efecto, ademĂĄs de su eficacia didĂĄctica supuesta, la complejidad de su presentaciĂłn propone un dispositivo mnemĂłnico que llega hasta el imaginario del espectador, usando varios registros la disposiciĂłn de los sujetos facilita la memorizaciĂłn ; las ilustraciones elegidas se anclan en el relato bĂ­blico o, al contrario, favorecen la actualizaciĂłn de lo prescrito y, por un juego de espejos, implican al fiel en el respeto de los mandamientos ; el reempleo de una iconografĂ­a erudita o tradicional inscribe al individuo en un pasado comĂșn y le permite apropiarse de un patrimonio. Examinar la diversidad de estas formas visuales, asĂ­ como los argumentos teĂłricos que fundan su recurso, permite entender mĂĄs precisamente sus roles, y quizĂĄs, evaluar su alcance en el uso contemporĂĄneo de la imagen en una catequesis profundamente de pĂĄgina Texto completo 1 Joseph De Finance, sj., Paris, Beauchesne,1988. 2 On entendra ici par catĂ©chĂšse l’ensemble des activitĂ©s catĂ©chĂ©tiques », catĂ©chisme se rĂ©fĂ©rant d ... 3 Voir sur ce sujet Elisabeth Germain, Langages de la Foi Ă  travers l’histoire, approche d’une Ă©tude ... 4 M. Faillon, MĂ©thode de Saint-Sulpice dans la direction des catĂ©chismes, 1832. 1Parler du catĂ©chisme et plus encore des catĂ©chismes du siĂšcle dernier lors d’un dĂ©bat sur les formes sensibles de la religion, peut surprendre. Dans un ouvrage encore rĂ©cent, Joseph de Finance prĂ©cise le titre de son livre Le sensible et Dieu1, par ces mots en marge de mon vieux catĂ©chisme ». En effet, dans son acception traditionnelle, le terme “catĂ©chisme” Ă©voque d’abord un manuel, rĂ©digĂ© par questions et rĂ©ponses Ă  apprendre par cƓur, qui fut longtemps associĂ© au cadre scolaire. La catĂ©chĂšse2 se situe sans doute davantage du cĂŽtĂ© des discours sur la foi que des formes de pratiques religieuses en elles-mĂȘmes mais lieu d’une premiĂšre initiation, couronnĂ©e » autrefois par le sacrement de communion, elle fait bien partie du vĂ©cu religieux, mĂȘme si c’est a priori dans ses aspects les plus didactiques et les moins Ă©motionnels. “AbrĂ©gĂ© de la doctrine chrĂ©tienne”, le catĂ©chisme n’a pas Ă©chappĂ© au cours des siĂšcles Ă  une forme de dĂ©rive dogmatique qui tendait Ă  en faire un condensĂ© thĂ©ologique3, on peut s’interroger sur la place qui y fut laissĂ©e aux aspects sensibles de l’intĂ©gration dans une communautĂ© de fidĂšles. Pourtant, dans un registre didactique, la catĂ©chĂšse a presque toujours accordĂ© une importance, certes variable selon les Ă©poques, Ă  une pĂ©dagogie par le sensible, que celle-ci repose sur l’utilisation d’images, l’initiation Ă  la liturgie et plus encore sur le chant avec l’apprentissage des cantiques lors de la sĂ©ance de catĂ©chisme. La mĂ©thode de Saint-Sulpice4, lorsqu’elle Ă©tait bien pratiquĂ©e, donne pour le XIXe siĂšcle un bon aperçu de la diversitĂ© des moyens pĂ©dagogiques mis en Ɠuvre. Le propos n’est pas ici de passer en revue l’ensemble de ces formes mais, Ă  partir de l’exemple des catĂ©chismes en images », de prĂ©ciser sur une modalitĂ© de l’appel aux sens dans l’enseignement religieux. 5 Au motif notamment que les peintures sont la lecture de ceux qui ne savent pas leurs lettres »,v ... 6 Ce que souligne L. G. Duggan, Was art really the “book of the illiterate” ? », Word & Image, jui ... 7 Le catĂ©chisme du Concile de Trente est illustrĂ© par Romano en 1587, celui de Canisius reçoit plusi ... 8 Cf. Dominique Julia, La leçon de catĂ©chisme dans l’Escole paroissiale de Jacques de Batencour 1 ... 2Le recours Ă  l’image en tant qu’auxiliaire de la prĂ©dication est un topos du discours de l’Église sur les arts visuels dĂ©jĂ  prĂ©sent dans les Ă©crits de GrĂ©goire le Grand5 lorsqu’il lĂ©gitime le dĂ©cor des Ă©glises. L’argument n’a certes pas mis fin Ă  toutes discussions et ne s’est pas nĂ©cessairement traduit dans les faits6, toutefois la licĂ©itĂ© des images Ă©tant rĂ©affirmĂ©e par le Concile de Trente, il n’est pas surprenant de voir apparaĂźtre l’illustration dĂšs les premiers catĂ©chismes imprimĂ©s7. Cependant son usage reste longtemps limitĂ© Ă  quelques Ă©ditions rares, ou Ă  certains “temps forts” de la catĂ©chĂšse, c’est ainsi par exemple qu’on l’emploie pour les fĂȘtes et mystĂšres chrĂ©tiens » dans l’Escole paroissiale de Jacques de Batencour dont le rĂšglement paraĂźt en 16548. Dans le courant du XIXe siĂšcle, la vulgarisation de nouvelles techniques de reproduction favorise la multiplication des Ă©ditions illustrĂ©es mais surtout la parution de vĂ©ritables catĂ©chismes en images qui tentent de reproduire en tableaux la totalitĂ© de l’abrĂ©gĂ© de la doctrine chrĂ©tienne. Ces productions originales qui ne sont pas rattachĂ©es Ă  un catĂ©chisme diocĂ©sain connaĂźtront, pour certaines, une diffusion trĂšs importante entre les annĂ©es 1860 et 1930 Ă  travers les diffĂ©rents mĂ©dias de l’époque chromolithographies de grand format, albums de gravures en noir, vues sur verre pour projections lumineuses puis films fixes... Porter sur ces publications un regard qui ne s’intĂ©resse pas seulement Ă  leur contenu catĂ©chĂ©tique, nĂ©cessairement Ă  mettre en rapport avec l’époque, mais aussi Ă  leur intention pĂ©dagogique, ouvre un dĂ©bat sur la place de l’image dans l’appropriation de la foi qui ne recoupe qu’en partie la question, si souvent dĂ©battue, de sa validitĂ© dans l’espace cultuel. Examiner la diversitĂ© de ces formes visuelles, puis les arguments thĂ©oriques qui fondent leur recours, permet de cerner plus prĂ©cisĂ©ment ce rĂŽle et de tenter d’en Ă©tablir la portĂ©e Ă©ventuelle dans l’utilisation contemporaine de l’image au sein d’une catĂ©chĂšse profondĂ©ment renouvelĂ©e. Mettre en images la doctrine chrĂ©tienne diversitĂ© des jeux sur le sensible 9 Dominique Lerch, L’image dans l’imagerie pieuse en Alsace 1848-1914, Souvenirs d’ordination et ... 3Sous l’influence de la production lithographique de masse, l’image de dĂ©votion Ă©volue au cours du XIXe siĂšcle, comme le rappelle Dominique Lerch9, vers une imagerie pieuse plus doloriste, plus sentimentale, faisant appel Ă  l’émotion ». Les tableaux ou illustrations directement employĂ©s au cours d’une leçon de catĂ©chisme jouent-ils sur le mĂȘme registre ? UtilisĂ©s soit pour rĂ©sumer in fine la leçon soit, au contraire, pour la conduire Ă  partir du visuel lui-mĂȘme ou encore pour en faciliter la rĂ©citation au titre d’un aide-mĂ©moire, ils n’ont en fait ni le mĂȘme statut ni le mĂȘme rĂŽle que les images-souvenirs ou images de dĂ©votions et ne sont pas non plus exactement du mĂȘme ressort que les bons points ou petites images distribuĂ©s en rĂ©compense au catĂ©chisme, mĂȘme si ceux-ci s’en rapprochent davantage. Format et usages les distinguent clairement d’un cĂŽtĂ©, de grands panneaux destinĂ©s Ă  un usage collectif, repris parfois sous un format plus maniable mais rĂ©unis alors Ă  la maniĂšre d’un album et suivant l’ordre contraint d’un catĂ©chisme – gĂ©nĂ©ralement en trois parties selon le modĂšle le plus rĂ©pandu alors – de l’autre, de petites images que l’on peut tenir au creux de la main, dont les thĂšmes correspondent aux dĂ©votions les plus populaires du temps et qui, volantes, peuvent ĂȘtre rassemblĂ©es au grĂ© des prĂ©fĂ©rences de chacun, glissĂ©es bien souvent dans un missel, sorties pour une mĂ©ditation personnelle... 10 Ces rĂ©flexions sont extraites d’une recherche en cours sur les catĂ©chismes en images, voir pour l’ ... 11 Sur les thĂšmes de l’imagerie de piĂ©tĂ© au cours du siĂšcle voir notamment Michel Albaric, Cath ... 4De telles remarques, que viendraient confirmer l’étude des thĂšmes iconographiques10 selon un dĂ©coupage chronologique plus fin, soulignent la distinction entre Ă©ducation par les sens et formes sensibles d’une dĂ©votion. La prise en compte du sensible ne signifie pas “sensiblerie” ou nĂ©cessairement jeu sur la sensibilitĂ© et les aspects les plus sentimentaux de la piĂ©tĂ©. Ainsi certains des thĂšmes qui, surtout Ă  partir des annĂ©es 1880, se retrouvent avec prĂ©dilection dans l’imagerie de dĂ©votion11 tels que le doux cƓur du Christ, l’enfant JĂ©sus, le divin prisonnier du tabernacle... et qui jouent sur une recherche d’effusion non exempte parfois de certaines dĂ©rives par rapport Ă  l’orthodoxie des croyances, ne sont-ils que marginalement prĂ©sents dans les tableaux de catĂ©chĂšse. Au contraire les Ă©pisodes tirĂ©s de l’Ancien Testament ou les illustrations des fins derniĂšres » trĂšs peu Ă©voquĂ©s dans les images de piĂ©tĂ© y trouvent une place importante. 12 Le PĂšlerin, 1882, p. 784. 5 Il faut que l’image soit instructive et non d’un mielleux qui ne plaise qu’aux yeux ou d’un mysticisme qui demande une Ă©tude prolongĂ©e12 » prĂ©cise l’éditeur du Grand CatĂ©chisme en images, publiĂ© par la Maison de la Bonne Presse, qui fut le plus diffusĂ© Ă  la fin du siĂšcle dernier. L’intention didactique prĂ©side donc Ă  cette mise en images d’autant plus intĂ©ressante qu’il ne s’agit pas dans le cadre d’un “abrĂ©gĂ© de la doctrine chrĂ©tienne” d’un texte narratif par nature. Le visuel ne peut se contenter de sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments d’un rĂ©cit mais propose toujours par son choix une interprĂ©tation d’un Ă©noncĂ© dogmatique ou d’un savoir de la foi Ă  acquĂ©rir. Il mĂȘle alors image dogmatique ou thĂ©ologique et image narrative ou historique pour reprendre une distinction posĂ©e notamment par AndrĂ© Grabar dans son Ă©tude des premiĂšres images chrĂ©tiennes. Ces catĂ©chismes prĂ©sentent une grande disparitĂ© dans les formes de jeu sur l’image avec des variations au cours des dĂ©cennies et dans les choix des Ă©diteurs en fonction de la cible privilĂ©giĂ©e usage collectif ou familial, manuels destinĂ©s seulement aux enfants ou bien aux adultes Ă  travers les missions..., mais on peut distinguer des traits permanents, agencĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres selon les ouvrages, dont l’étude permet de relever quelques-uns des moyens utilisĂ©s pour que cet enseignement impressionne les sens. 13 Manuel du catĂ©chiste, reĂ©d. de 1909, p. 64. 14 Bossuet, CatĂ©chisme des/estes, avertissement, Ă©dition de 1690. 15 Voir sur ce sujet François Boespflug, Dieu dans l’art, Sollicitudini Nostrae de BenoĂźt XIV 1745 ... 6L’image, par essence, rend visible c’est-Ă -dire concrĂ©tise et c’est parce qu’elle permet ce passage de l’abstrait au concret qu’un manuel, rĂ©digĂ© en 1907 par les FrĂšres des Écoles chrĂ©tiennes, la prĂ©sente comme le moyen intuitif par excellence ». En effet, alors que comparaisons et paraboles parlent Ă  l’imagination, les images parlent aux yeux [...]. Elles localisent les idĂ©es, prĂ©sentent Ă  notre vue quantitĂ© d’objets inconnus, donnent de la vie et du coloris aux descriptions13. » Ces arguments Ă©voquent Ă  la fois les effets documentaires prĂ©sentation d’objets, Ă©largissement des connaissances ... ou suggestifs de l’image, sans rĂ©flexion diffĂ©renciĂ©e sur leur nature. Or, donner Ă  voir ce qui relĂšve de l’invisible permet certes de donner forme Ă  des abstractions ou des concepts mais court le risque de rĂ©ifier ce qui, par essence, doit Ă©chapper Ă  toute matĂ©rialitĂ©. Aucun catĂ©chisme en images n’évite, par exemple, l’illustration de la TrinitĂ© alors mĂȘme que Bossuet recommandait prĂ©cisĂ©ment de ne jamais montrer ce sujet de crainte que l’image ne se fixe de façon trop concrĂšte dans les esprits simples14. Il est vrai que les choix de reprĂ©sentations, qui retrouvent le plus souvent les formes traditionnelles de la TrinitĂ© le “TrĂŽne de grĂące” notamment telle qu’elle apparaĂźt frĂ©quemment dans l’art savant, s’accompagnent d’un commentaire qui en explique la portĂ©e symbolique. Il reste cependant que l’on rejoint bien ici la question plus dĂ©licate de l’image de Dieu15, question qui dĂ©borde le cadre de notre corpus. 16 Voir Jean Delumeau, La peur en Occident XIVe-XVIIIe siĂšcle, Paris, Fayard, 1978 et ce malgrĂ© les p ... 17 Cf. pour les Images morales, Anne Sauvy, Le Miroir du cƓur, Paris, Cerf, 1989. 7Certains aspects de la mise en images catĂ©chĂ©tique cherchent plus ou moins directement Ă  jouer sur une forme de sensibilitĂ©. Ils sont en gĂ©nĂ©ral bien connus et sont les plus frĂ©quemment relevĂ©s par toute critique de l’usage des images dans cette pĂ©dagogie. RelĂšvent de ce domaine les planches qui tentent en premier lieu d’attendrir, de susciter une Ă©motion immĂ©diate ou de faire peur. Si le premier cas est moins frĂ©quent dans le catĂ©chisme que dans les images de piĂ©tĂ©, il n’est pas totalement exclu. Dans un ensemble formĂ© de quarante Ă  soixante-dix panneaux figure parfois l’illustration d’une dĂ©votion particuliĂšre et, notamment, souvent une reprĂ©sentation d’un Christ et d’une Vierge cardiophores pour Ă©voquer la dĂ©votion au SacrĂ© CƓur... En revanche les traces d’une certaine pastorale de la peur16 » sont encore manifestes Ă  la fin du XIXe et mĂȘme au dĂ©but de ce siĂšcle. Tous ces ensembles de tableaux comprennent une vision de l’enfer pour laquelle ils rivalisent d’ingĂ©niositĂ© dans la peinture des tourments des Ăąmes des damnĂ©s, reprenant bien souvent des thĂšmes chers Ă  l’imagerie traditionnelle ainsi que l’opposition quasi systĂ©matique entre la bonne mort » et la mort du pĂȘcheur » Ă  la maniĂšre des Images morales des missions jĂ©suites qui furent encore rééditĂ©es au XIXe siĂšcle17. 18 Voir Frances Yates, L’Art de la mĂ©moire, Paris, Gallimard. 1975 Ă©d. or. 1966, il s’agit Ă  l’orig ... 19 CatĂ©chisme appris aux enfants au moyen des tableaux rĂ©duits..., Tolra, prĂ©face 8Mais le rĂŽle de l’image ne se limite pas Ă  ces trois aspects Ă©vidents donner forme aux idĂ©es abstraites, Ă©mouvoir, effrayer... Par le choix des sujets illustrĂ©s, par les reprĂ©sentations et les rĂ©fĂ©rences visuelles qui s’y trouvent, par la mise en forme mĂȘme des planches, elle influe sur la perception de la leçon et c’est bien plus en cela qu’elle rend “sensible” l’enseignement du catĂ©chisme. Donnant Ă  “voir” les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de la leçon, l’image localise » les idĂ©es rappelle le manuel des FrĂšres des Écoles chrĂ©tiennes citĂ© plus haut. L’expression suggĂšre parfaitement le travail du visuel sur la mĂ©moire. La force mnĂ©monique de l’image ou du tableau n’est alors pas seulement de placer sous les yeux plus frĂ©quemment les scĂšnes dont le fidĂšle doit se rappeler mais aussi de leur donner un “lieu”. ProcĂ©dĂ© qui fait Ă©cho aux usages des anciens arts de la mĂ©moire inspirĂ©s de l’Ad Herennium18. Usages qui recommandaient de fixer les diffĂ©rentes parties d’un discours Ă  l’aide d’images frappantes et agissantes » disposĂ©es dans de vastes “Palais de mĂ©moire”, Ă©difices mnĂ©moniques parcourus mentalement par l’orateur afin de se souvenir non seulement des diffĂ©rentes idĂ©es Ă  dĂ©velopper mais encore de l’ordre de leur exposition. La mĂ©moire y est comparĂ©e Ă  une tablette d’argile sur laquelle les images se gravent, mĂ©taphore qui court elle aussi tout au long des prĂ©faces des diffĂ©rentes Ă©ditions de catĂ©chismes en images et se retrouve encore vers 1900, ainsi formulĂ©e dans un manuel Ă  l’usage des petits enfants L’image grave l’idĂ©e dans l’esprit comme une note prise, son souvenir sert Ă  retrouver le fil perdu19 ». 20 Frontispice Ă  compartiments, cf. SĂ©golĂšne Le Men. La vignette et la lettre », , in Henri-Jean Ma ... 9Au sein de la diversitĂ© des productions il faut relever, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe et au dĂ©but du XXe, un usage tardif, et assez particulier aux panneaux de catĂ©chĂšse, de compositions polyptyques organisant sur une vaste planche plusieurs sujets autour d’un motif central Ă  la maniĂšre des images traditionnelles Ă  compartiments ou, plus encore, des frontispices Ă  la cathĂ©drale20 » de l’édition romantique. Disposition complexe qui, pour une pĂ©dagogie moderne, paraĂźt peu adaptĂ©e Ă  la comprĂ©hension collective et sera en effet critiquĂ©e dĂšs la fin du siĂšcle, mais dont le succĂšs prolongĂ© dans ces ouvrages catĂ©chĂ©tiques tient sans doute Ă  la permanence de l’idĂ©e d’une forme sensible » de la mĂ©moire apte Ă  saisir des compositions de lieux commentĂ©es point par point lors de la leçon. 21 Pour une rĂ©flexion plus large sur le rapport complexe entre image et narration tel qu’il a pu ĂȘtre ... 10À titre d’exemple, l’illustration de certains sacrements dans ces panneaux met en Ă©vidence cette complexitĂ© du visuel. Le baptĂȘme dans Les Grandes Images Catholiques, cf. fig. 1 , place ainsi dans un cadre architectural qui Ă©voque un porche d’église, sept petits sujets autour d’une scĂšne centrale. Celle-ci, plus importante, est la seule Ă  avoir un effet de profondeur qui invite Ă  pĂ©nĂ©trer dans l’architecture pour assister Ă  un baptĂȘme contemporain reconnaissable au choix des costumes tandis qu’avec un jeu de mise en abĂźme baroque, un tableau inscrit dans la scĂšne prĂ©sente le renouvellement des vƓux ». Autour de cette figure miroir » sont rĂ©partis divers sujets bibliques l’interdit initial, le pĂ©chĂ© d’Adam et Ève, la mort du genre humain, la promesse d’un libĂ©rateur, le baptĂȘme du Christ, JĂ©sus invitant les apĂŽtres Ă  baptiser, la Passion. Ils forment une vĂ©ritable glose d’images dont le sens est encore renforcĂ© par une mise en page qui casse tout effet chronologique ou narratif. Dans l’axe de la scĂšne centrale se trouve l’énonciation de l’interdit touchant l’arbre de la connaissance, formulĂ©e par une reprĂ©sentation trinitaire, puisque les trois personnes divines sont associĂ©es Ă  l’acte de la CrĂ©ation, ainsi que l’annonce d’un sauveur, nouvel Adam, figurĂ©e par l’apparition dans la nuĂ©e d’une Vierge Ă  l’enfant. Cette premiĂšre colonne suffit Ă  poser le baptĂȘme actuel comme ce qui, par la venue du Messie, rĂ©tablit la relation entre l’homme et Dieu aprĂšs la transgression initiale. IdĂ©e encore affirmĂ©e par l’écho entre la partie gauche de l’image qui rĂ©unit le pĂ©chĂ© d’Adam et Eve, la descente des humains vers la mort, marquĂ©e par une oblique de chute trĂšs frappante, et se termine par la crucifixion, manifestant explicitement la lecture sacrificielle qui est faite de la scĂšne ; et la partie droite oĂč, sous le texte rappelant le sens du BaptĂȘme, figurent l’exhortation Ă  baptiser toutes les nations Mt, 28, 19 et la scĂšne originelle qui fonde le sacrement le baptĂȘme du Christ. Lue de gauche Ă  droite, la partie infĂ©rieure du panneau mĂšne de la Passion au BaptĂȘme, inversant le sens de l’histoire en passant au centre par l’actualitĂ© de l’entrĂ©e dans la vie chrĂ©tienne ; elle invite tout fidĂšle baptisĂ© dans la mort et la rĂ©surrection du Christ Ă  faire avec lui partie du peuple des baptisĂ©s. Les quelques lignes inscrites sur le tableau traitent du baptĂȘme et des devoirs des parrains et marraines de façon trĂšs gĂ©nĂ©rale ; elles ne dĂ©crivent pas la planche qui est loin d’en ĂȘtre une simple illustration. L’image propose, par le choix des sujets et plus encore par le dispositif visuel dans lequel ils s’insĂšrent, un vĂ©ritable commentaire du thĂšme traitĂ©. La lecture spatiale de la planche est alors la seule qui donne sens et traduise la valeur symbolique adaptĂ©e Ă  la place de chaque sujet au-delĂ  de l’addition des motifs narratifs21. Figure 1 BaptĂȘme Grandes images catholiques. Paris, Bertin, 1861. 22 Jean SĂ©guy, Images et religion populaire », Archives de Sciences sociales des religions, n° 44-l ... 11Une telle approche de l’image n’est pas seulement intuitive. Si certains aspects sont immĂ©diatement perceptibles d’autres ne seront sentis et retenus que parce qu’ils viennent en complĂ©ment d’une leçon et d’un discours qui en explicite le sens. De mĂȘme que pour une partie du dĂ©cor des Ă©glises ou pour les images dites populaires » comme l’a rappelĂ© Jean SĂ©guy, toute image enseigne quand on la lit mais on la lit par ce que l’on sait de la lecture22 », la complexitĂ© de ces estampes a une fonction Ă©sotĂ©rique et suppose de participer Ă  la complexitĂ© d’une pensĂ©e religieuse dans laquelle elles prennent place comme commentaire. Il s’agit lĂ  de retenir Ă  l’aide de ces images une leçon apprise et d’en retrouver le sens par une dĂ©monstration visuelle bien plus que de le dĂ©couvrir » dans le tableau. Celui-ci, cependant, par sa construction didactique particuliĂšre aide Ă  ce que le souvenir s’organise et devienne support insĂ©parable de la rĂ©flexion religieuse sur ce sujet. 23 Cf. C. Rosenbaum, Images-souvenirs de premiĂšre communion », in Jean Delumeau, Ă©d., La PremiĂšre c ... 24 La figure du Christ-prĂȘtre est frĂ©quente au XIXe siĂšcle, dans l’esprit de l’École de spiritualitĂ© ... 25 PremiĂšre communion et sacrement des malades, ici illustrĂ©s dans cette publication du Second Empire ... 12Le mĂȘme principe se retrouve pour la planche consacrĂ©e Ă  l’eucharistie cf. fig. 2. Le titre qui lui est donnĂ©e Image Souvenir de premiĂšre communion, est supposĂ© lui permettre non seulement de servir d’explication du sacrement au sein de cette sĂ©rie de tableaux catĂ©chĂ©tiques mais encore d’ĂȘtre achetĂ©e Ă  l’unitĂ© et offerte lors d’une cĂ©rĂ©monie selon l’usage courant de ces grandes images23. D’une certaine maniĂšre pourtant cette planche est bien davantage une image de mĂ©moire » qu’une image-souvenir ». Elle semble construite pour faire appel Ă  la mĂ©moire active qui entend rappeler, par effort de volontĂ© au grĂ© des sujets et en fonction de leur emplacement, les diffĂ©rents points commentĂ©s par le catĂ©chiste. MĂ©moire qui vise Ă  ordonner, classer, mettre en rapport types et figures, Ă©numĂ©rer les bienfaits de la communion, les circonstances de son administration... bien plus qu’un souvenir, mĂ©moire passive qui voudrait ressentir une Ă©motion passĂ©e, retrouver la relation intime qui s’établit entre le communiant et l’hostie consacrĂ©e. L’image articule trois registres au niveau supĂ©rieur, un Christ entourĂ© d’anges est situĂ© juste au-dessus d’une reprĂ©sentation de la CĂšne renforçant ainsi la lĂ©gende qui prĂ©cise voici le pain des anges devenu le pain de l’homme voyageur »; en bas, dans un encadrement gothique, sont mis en parallĂšle premiĂšre communion et dernier viatique. Dans un tel dispositif, la figure en gloire qui domine l’image devient signe, manifestation visible de la prĂ©sence rĂ©elle et complĂšte du Christ dans l’hostie. Le thĂšme sacrificiel est encore renforcĂ© par l’étole sacerdotale24 que porte le Christ sur son manteau. Une petite figure du Messie portant l’agneau et la croix vient en Ă©cho entre les deux scĂšnes de vie quotidienne25 qui marquent le dĂ©but et la fin d’une vie chrĂ©tienne. Plaçant au sommet un thĂšme thĂ©ologique ou dogmatique, au registre central le sujet originel qui fonde le sens du sacrement dans les Écritures, puis l’actualisation dans la vie du chrĂ©tien au registre infĂ©rieur, la hiĂ©rarchie des sujets rappelle l’ordre ternaire du retable. Figure 2 Communion Grandes images catholiques. Paris, Bertin, 1861. 26 I R. 19, 1-8. 27 Mt 27, 3-10. 13Le dispositif mnĂ©monique est plus net encore dans le CatĂ©chisme en images de la Bonne Presse cf. fig. 3. Le sujet central y est aussi consacrĂ© Ă  la CĂšne, conçue toujours comme instauration du sacrement, tandis qu’en une sorte de prĂ©delle narrative, une communion “ordinaire” situĂ©e dans un vĂ©cu chrĂ©tien presque intemporel les costumes s’inspirent volontairement d’un Ăąge d’or » mĂ©diĂ©val est placĂ©e juste en dessous et s’inscrit directement dans sa continuitĂ©. Au registre supĂ©rieur s’opposent figures positives et nĂ©gatives selon une place symbolique Ă  droite Élie nourri dans le dĂ©sert26, type vĂ©tĂ©rotestamentaire de l’eucharistie, Ă  gauche la pendaison de Judas27 prĂ©sentĂ©e comme prolongement de sa communion sacrilĂšge. L’axe vertical qui assure le lien entre les trois registres, fonde la mĂ©moire des gestes dans le quotidien du fidĂšle et inscrit l’eucharistie dominicale dans la continuitĂ© de l’institution du sacrement. 28 Grand CatĂ©chisme des familles, Paris, Librairie des catĂ©chismes, 1907 29 DĂ©cret sur la communion frĂ©quente, Actes de Pie X, t, II, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1905. 30 Joseph Colomb, op. cit, p. 410. 14Tout autre est le choix du Grand catĂ©chisme des familles... paru en 190728. Plus tardif, celui-ci renonce aux compositions multiples pour ne prĂ©senter qu’une image-tableau centrĂ©e sur l’acte mĂȘme de la communion. Le fidĂšle reçoit des mains du prĂȘtre et directement dans la bouche le corps du Christ ». Le tableau est alors beaucoup plus proche d’une image de dĂ©votion classique, mais il ne s’agit pas d’une premiĂšre communion, et le communiant n’est pas seul prĂšs de la table. En outre, il est en relation avec le prĂȘtre et non directement avec une image de JĂ©sus. La diffĂ©rence de traitement du sujet relĂšve certes d’une diffĂ©rence plus gĂ©nĂ©rale dans les parti-pris iconographiques de cette Ă©dition. Cependant ici, l’accent mis sur le vĂ©cu de la communion, dans une pratique intime et ordinaire vient peut-ĂȘtre en Ă©cho au principe d’une communion plus frĂ©quente prĂŽnĂ© par Pie X29. Ne s’y retrouve pas, en revanche, le thĂšme un peu narcissique d’un premier communiant en priĂšre, si prĂ©sent dans l’imagerie de piĂ©tĂ© et critiquĂ© notamment dans les annĂ©es soixante par un clergĂ© qui, Ă  l’instar de Joseph Colomb, voit dans cette recherche d’une approche trop personnelle30 un trait d’égocentrisme religieux. Figure 3 Grand catĂ©chisme en images. Paris. Maison de la Bonne Presse, [1884-1893]. 31 Voir, parmi de nombreux exemples, le CatĂ©chisme illustrĂ© du diocĂšse de Sens, 1901 32 Cf. pour une Ă©tude contemporaine du gestuel de la communion, Laurence HĂ©rault, La Grande Communion ... 15À la diffĂ©rence de ces catĂ©chismes “en images”, les manuels diocĂ©sains illustrĂ©s, dans lesquels de petites vignettes viennent rythmer la leçon sans prĂ©tendre la traduire entiĂšrement, reprĂ©sentent plus volontiers les premiers communiants ; mais c’est alors en groupe et bien souvent, comme dans le tableau de Beuzon31 repris dans plusieurs de ces ouvrages, en situation ; c’est-Ă -dire comme modĂšle collectif de la scĂšne de communion ou exposĂ© de son gestuel32 et non comme Ă©quivalent pictural d’un moment d’émotion. PrĂšs du banc de communion les enfants attendent agenouillĂ©s, tandis que d’un cĂŽtĂ© arrivent les filles, les mains jointes et de l’autre repartent les garçons, bras croisĂ©s sur la poitrine. L’image-miroir invite lĂ  Ă  reproduire une attitude plus qu’à partager ou retrouver un sentiment. 16Certes, l’effet de ces tableaux doit ĂȘtre complĂ©tĂ© par les multiples autres images de dĂ©votion dont peut disposer l’enfant, et ce tout particuliĂšrement dans l’exemple donnĂ© ici de la communion pour laquelle les souvenirs illustrĂ©s abondent, mais il reste que le choix de l’illustration principale du catĂ©chisme oriente Ă  sa maniĂšre la perception ou l’interprĂ©tation donnĂ©e du sacrement. Soumis Ă  l’imprimatur de l’évĂȘque, ces panneaux catachĂ©tiques sont un moyen de diffuser une imagerie plus contrĂŽlĂ©e et orientĂ©e que celles des Ă©diteurs d’images pieuses. Elles offrent un exemple de rĂ©gulation par les clercs ou par un milieu Ă©ditorial trĂšs proche des clercs jĂ©suites, assomptionnistes, pĂšres du Saint-Esprit, salĂ©siens... de l’imagerie associĂ©e au catĂ©chisme. L’impact de ces images, commentĂ©es oralement pendant la leçon et qui servent ensuite de support Ă  la rĂ©citation, est sans doute d’autant plus fort que l’exercice du par cƓur » est stimulĂ© et associĂ© Ă  ces planches. Si elles ne font pas nĂ©cessairement l’objet d’une mĂ©ditation personnelle, elles doivent rester imprimĂ©es dans la mĂ©moire visuelle de l’enfant en Ă©cho aux rĂ©ponses qu’il aura apprises Ă  donner. 17Outre la mise en page qui cherche Ă  frapper », le choix des illustrations va jouer Ă©galement sur les affects liĂ©s Ă  la leçon. Le catĂ©chisme n’est pas un rĂ©cit suivi, si certains points du dogme et plus particuliĂšrement du Credo sont facilement illustrables Ă  l’aide des principaux Ă©pisodes de la vie du Christ – de l’Incarnation Ă  la Passion les exemples tirĂ©s notamment des grands thĂšmes de l’art occidental ne manquent pas – les sacrements ou commandements relĂšvent davantage d’un parti pris de l’édition. À cĂŽtĂ© de la tradition emblĂ©matique, tombĂ©e en dĂ©suĂ©tude au XIXe siĂšcle, ou allĂ©gorique qui se sĂ©cularise, les principaux choix consistent soit Ă  proposer une illustration qui ancre les prĂ©ceptes catechetiques dans la vie quotidienne permettant ainsi une actualisation de cet enseignement, soit au contraire Ă  recourir aux grandes pages des Écritures ou de la vie des saints pour proposer des modĂšles. Les deux solutions permettent Ă  l’image d’ illustrer » au deux sens du terme, c’est-Ă -dire d’offrir pour chaque leçon un exemple particuliĂšrement adaptĂ© qui en facilite l’apprentissage et donne vie Ă  l’énumĂ©ration des questions et rĂ©ponses. Images et exemples contribuent Ă  nuancer une perception trop doctrinale et sĂšche de l’enseignement de la foi au siĂšcle dernier, de nombreux rĂ©cits viennent ainsi animer la leçon. Si le plus souvent les deux choix d’illustrations sont employĂ©s selon les thĂšmes traitĂ©s dans chaque catĂ©chisme, certains ont cependant une coloration dominante liĂ©e au recours plus ou moins exclusif Ă  l’un ou l’autre modĂšle. Ainsi les ouvrages des Ă©ditions Tolra parus autour des annĂ©es 1900 sont-ils clairement en prise avec la vie quotidienne par des visuels qui Ă©voquent parfois les images des faits-divers de la presse Ă  grand tirage contemporaine. L’interdiction du meurtre, par exemple, aurait pu figurer en premiĂšre page d’un pĂ©riodique tel que l’Illustration. 33 Le Fascinateur, 1er octobre 1906, p. 311. 34 Il faudrait bien sĂ»r nuancer selon les cas, je reviens sur cette rĂ©fĂ©rence au monde anglican in ... 18Au contraire, les tableaux de la Maison de la Bonne Presse font le choix d’inscrire le plus souvent le catĂ©chisme dans les exemples bibliques selon une mĂ©thode prĂŽnĂ©e en leur temps par Bossuet ou par l’abbĂ© Fleury. Certes il s’agit bien souvent de grandes scĂšnes colorĂ©es qui forment la trame d’une Histoire Sainte sans prĂ©tendre Ă  une approche directe du texte mais elles favorisent nĂ©anmoins l’insertion dans une narration. C’est en tout cas un des mĂ©rites que les auteurs reconnaissent Ă  l’image. À propos de la version pour projections lumineuses de ces panneaux, le pĂšre Bailly n’hĂ©site pas Ă  Ă©crire en 1906 n’est-il pas regrettable que les protestants, au moins en Angleterre – nous aient si fort devancĂ©s dans l’emploi des projections en leur temples car il y a longtemps que par cet appĂąt ils attirent les foules Ă  leurs prĂȘches et des enfants au catĂ©chisme. Aussi combien les petits anglicans connaissent mieux l’histoire sainte et les Ă©vangiles que beaucoup de nos catholiques33 ! ». Ainsi naĂŻvement Ă©noncĂ©e l’idĂ©e que, grĂące Ă  l’image, les protestants connaissent mieux la Bible que les catholiques peut surprendre. Elle renvoie cependant Ă  une rĂ©alitĂ© pĂ©dagogique que n’ignore pas le pĂšre Bailly et qui tĂ©moigne de l’importance des usages didactiques de l’image dans certains aspects du protestantisme34. L’imprĂ©gnation biblique se fait avant mĂȘme que l’enfant ne sache lire par la prĂ©sentation de gravures reprĂ©sentant des Ă©pisodes ou de grands personnages de l’Ancien ou du Nouveau Testament, prĂ©texte au rĂ©cit de leur destinĂ©e. 35 Ce serait un autre dĂ©bat, cf. sur ce point Claude Savart, Quelle Bible les catholiques français ... 36 Manuel des FrĂšres des Écoles chrĂ©tiennes, op. cit. 19Inscrire dans l’Histoire Sainte, si tronquĂ©e soit-elle35, c’est non seulement donner une forme narrative au dogme mais aussi initier Ă  un univers de pensĂ©e et d’images qui imprime sa marque Ă  une tradition religieuse, rendre sensible dans l’esprit des catĂ©chisĂ©s les notions abstraites de l’intervention de Dieu dans la vie de l’homme et ouvrir Ă  un “merveilleux chrĂ©tien”. En 1907, ce thĂšme est encore invoquĂ© pour justifier les choix des exemples Ă  raconter aux enfants Les enfants ont un goĂ»t extrĂȘme pour le merveilleux et ce n’est pas un petit bĂ©nĂ©fice pour eux d’ĂȘtre Ă©levĂ©s dans cette atmosphĂšre surnaturelle, diamĂ©tralement opposĂ©e au naturalisme positiviste de nos jours36 ». Cette citation peut ĂȘtre reprise pour ces images dont l’effet est comparable. En outre, lorsqu’il s’agit de thĂšmes bibliques si abondamment reprĂ©sentĂ©s dans l’art occidental, les tableaux proposĂ©s reprennent bien souvent des formes de l’art savant qu’il s’agisse de sources directes comme dans le Grand CatĂ©chisme d’aprĂšs les grands maĂźtres, ou, le plus frĂ©quemment, d’emprunts recomposĂ©s, puisĂ©s dans le vaste Ă©ventail des gravures de reproduction Ă  thĂšmes chrĂ©tiens et mĂȘlĂ©s parfois Ă  des thĂšmes issus des estampes populaires. 37 Voir pour quelques exemples Isabelle Saint Martin, Du vitrail Ă  la lanterne magique le catĂ©chi ... 20Le rĂ©emploi d’images liĂ©es Ă  la grande tradition de l’iconographie chrĂ©tienne rĂ©pond certes Ă  des soucis d’orthodoxie dans le traitement des sujets ou des impĂ©ratifs de facilitĂ© pour l’éditeur mais il a surtout pour effet de familiariser avec un mode de reprĂ©sentation que le fidĂšle sera amenĂ© Ă  retrouver tant dans le dĂ©cor des Ă©glises que dans l’illustration des ouvrages de piĂ©tĂ© ou dans les images de dĂ©votions qui puisent souvent aux mĂȘmes sources. Cette relecture des formes artistiques du passĂ©, souvent sĂ©lective et clairement post-tridentine dans les exemples citĂ©s37, introduit aussi l’enseignement catĂ©chĂ©tique dans une histoire des Ăąges de la foi et y donne le sens de la durĂ©e des gestes et des pratiques. 38 J. Bricout, L’Enseignement du catĂ©chisme en France, Paris, Bloud & Gay, 1922, p. 37. 21Ce recours aux images dans un enseignement fondĂ© sur la rĂ©citation et l’apprentissage de rĂ©ponses contribue d’une certaine maniĂšre Ă  faire du catĂ©chisme doublement un exercice de mĂ©moire. MĂ©moire de la leçon qu’il faut restituer sans erreurs et dont la disposition visuelle doit avoir facilitĂ© le souvenir, mĂ©moire des exemples imprĂ©gnation biblique ou ancrage dans le quotidien, inscription par le rĂ©emploi d’images du passĂ© dans une tradition de la foi. À ce titre elles favorisent une forme d’enseignement intuitif et font partie des conseils donnĂ©s aux catĂ©chistes dans un manuel de 1922 qui s’irrite d’une vision trop sĂšche de la mĂ©thode catĂ©chĂ©tique Et nous aurions toujours besoin que Pestalozzi, Froebel et autres pĂ©dagogues suisses ou allemands, nous apprissent l’art de bien faire le catĂ©chisme.... Nous savions dĂ©jĂ  au XVIIe siĂšcle et mĂȘme auparavant, depuis saint Augustin et avant lui, que l’histoire, l’histoire sainte surtout, les images, les illustrations, mĂȘme les leçons de choses rendent concrĂšte, sensible la doctrine chrĂ©tienne et la mettent plus Ă  la portĂ©e des simples et des petits38. ». S’inscrire dans la tradition de l’Église les fondements d’une pĂ©dagogie par les sens 22S’interroger, aprĂšs avoir examinĂ© la diversitĂ© de ces formes visuelles, sur les arguments qui fondent leur usage pĂ©dagogique, conduit Ă  retrouver Ă  travers les avertissements des Ă©diteurs et des auteurs, la tradition d’un enseignement par l’image. 39 Tolra, 1899. 23Le Grand Album pour l’explication du catĂ©chisme rappelle que Tout le monde aime les images. En ouvrant un livre n’est-ce pas la premiĂšre chose que vous regardez ? Mais elles captivent surtout les enfants. Montrez un tableau, tous les yeux se lĂšvent et se fixent, or tenir les yeux d’un enfant, c’est tenir son intelligence39. » 24L’une des premiĂšres grandes sĂ©ries de lithographies Ă  usage catĂ©chĂ©tiques, les Grandes images catholiques parues en 1861, expose prĂ©cisĂ©ment la double articulation d’une pensĂ©e de l’image dont on trouverait les fondements chez les PĂšres de l’Église Il n’est rien qui frappe les sens de maniĂšre plus efficace que la reprĂ©sentation figurĂ©e des choses que l’on veut apprendre » or ajoute-t-il rien n’entre dans l’intelligence sans avoir frappĂ© les sens ». 25L’argumentation met en jeu les principes essentiels d’une pĂ©dagogie par l’image » qui suppose d’une part la supĂ©rioritĂ© inhĂ©rente du visuel sur l’auditif dans le domaine des sens, d’autre part la reconnaissance du sensible comme voie d’accĂšs de toute connaissance. Cette double rĂ©fĂ©rence semble garantir l’inscription de la dĂ©marche dans la tradition de l’Église tant elle est reprise de siĂšcle en siĂšcle pour situer dans une certaine continuitĂ© des entreprises qui, quoique que fort diverses dans leurs rĂ©alisations, ont en commun cet intĂ©rĂȘt pour le visuel. 40 Augsbourg, Jacques Chardon, 1614. 41 Ad Pisones, citĂ© par V. Grumel, in Dictionnaire de ThĂ©ologie Catholique, Vacant et Mangenot, [dir. ... 42 François Boespflug, op. cit., p. 267. 43 Michel LagrĂ©e, La BĂ©nĂ©diction de PromĂ©thĂ©e. Religion et technologie, Paris, Fayard, 1999. Il souli ... 44 CitĂ© par Daniele Menozzi, op. cit,. p. 137. 45 S’agit-il de l’éditeur ou, par un artifice courant, de l’auteur lui-mĂȘme ? 26AncĂȘtre, d’une certaine maniĂšre, des catĂ©chismes en images du XIXe siĂšcle, l’édition française exprimĂ©e par images » du catĂ©chisme de Canisius, en 1614, Ă©voque en avant-propos – et en caractĂšres grossis dans la page comme pour que le lecteur s’en imprĂšgne mieux encore – ce thĂšme de la supĂ©rioritĂ© du visuel Car selon ce que dit le poĂšte Ce que passe par les oreilles ne force pas tant l’esprit que ce qu’est subiect Ă  la veue40 ». Cette rĂ©fĂ©rence implicite aux vers d’Horace41 dont l’auteur n’est mĂȘme plus mentionnĂ© ou identifiĂ© ? tĂ©moigne de la fortune de cet argument dĂ©jĂ  frĂ©quent chez les auteurs mĂ©diĂ©vaux et dont François Boespflug a montrĂ©, pour le XVIIe siĂšcle, combien, des Ă©crits du pĂšre Richeome aux multiples De Imaginibus42 publiĂ©s Ă  cette Ă©poque, il devenait position de principe. Le clergĂ© de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle marquĂ© dans la liturgie notamment par l’influence des traductions du Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand43 pouvait Ă©galement se rĂ©fĂ©rer aux propos de l’ÉvĂȘque de Mende pour lequel grĂące Ă  la peinture le fait est posĂ© devant les yeux, Ă  travers l’écriture, il est en revanche rappelĂ© Ă  la mĂ©moire comme par ouĂŻ-dire, ce qui Ă©meut l’ñme moins fortement voilĂ  pourquoi dans l’église, nous avons plus de respect pour les images et les peintures que pour les livres44 ». L’éditeur du pĂšre Lacoste ne prĂ©cise t-il pas en effet que les paroles s’envolent tandis que la peinture ». 46 Bossuet, CatĂ©chisme du diocĂšse de Meaux, 1687, Avertissement. 47 Il n’y a pas de pensĂ©e sans image ». voir notamment De l’ñme, livre III et le petit traitĂ© Sur l ... 48 Canisius, De Maria Virgine, liv 5, chap 22 [ 1577], citĂ© par Émile MĂąle, L’Art religieux du XVIIe ... 49 CitĂ© par Anne Sauvy, op. cit, p. 167. 50 BibliothĂšque des Exercices spirituels de Saint Ignace, 1907, p. 23. 27Ce pouvoir de l’image sur les sens n’a tant d’importance que parce que ceux-ci apparaissent comme une nĂ©cessaire clĂ© d’accĂšs Ă  l’intelligence. Clairement formulĂ© dans l’Avertissement sur le catĂ©chisme de Bossuet en 1687 Étudiez-vous Ă  prendre les sens afin que par les sens vous saisissiez l’esprit et le cƓur46 ». Ce principe est frĂ©quemment rappelĂ© Ă  la fin du XIXe siĂšcle, en Ă©cho Ă  l’adage scolastique selon lequel rien ne se forme dans l’entendement s’il n’est passĂ© par les sens ». IdĂ©e qui dĂ©coule directement de la philosophie d’Aristote47 et marque la reconnaissance des propriĂ©tĂ©s de la nature humaine qu’un Dieu crĂ©ateur ne saurait ignorer. ThĂšme de prĂ©dilection chez les jĂ©suites citĂ©, par exemple, par Canisius Si nous Ă©tions des anges, nous n’aurions besoin ni d’églises ni de cultes, ni d’images mais nous ne sommes que des hommes. LiĂ©e Ă  cette lourde chair, notre Ăąme s’élĂšve quelquefois mais elle retombe bientĂŽt. Il est nĂ©cessaire que l’Église nous rappelle sans cesse ce que nous sommes prĂȘts d’oublier48 ». CitĂ© encore par le pĂšre Huby, vers 1680, pour dĂ©fendre les Images morales et leur usage dans les missions Dieu s’accommode Ă  nostre maniĂšre d’agir naturelle et se sert des choses sensibles pour nous faire concevoir les spirituelles49. ». A propos des critiques apportĂ©es Ă  l’usage des projections lumineuses, le pĂšre Le Bail, retrouve, en 1907, les mĂȘmes accents pour regretter que les hĂ©rĂ©tiques en faussant la spiritualitĂ© catholique faussent toujours aussi la nature humaine50 ». 51 SĂ©golĂšne Le Men, Les AbĂ©cĂ©daires français illustrĂ©s du XIXe siĂšcle, Paris, Promodis, 1984 ; l’Orbi ... 52 L’influence des PensĂ©es sur l’éducation de Locke ou des thĂšses de Rousseau sur ce type rĂ©flexion e ... 53 Art composition en peinture », EncyclopĂ©die vol. XIV 54 Le PĂšlerin, 1882, p. 704. Langue naturelle » qui serait alors comprĂ©hensible dans la langue de c ... 28Si l’on suit ce raisonnement, il faut reconnaĂźtre Ă  l’image un pouvoir ou un intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique supĂ©rieur Ă  l’argument du liber pauperum auquel la tradition rĂ©duit parfois les propos de GrĂ©goire le Grand. Le recours au visuel n’est alors pas un simple palliatif pour ceux qui ne savent lire mais bien une prise en compte essentielle de notre nature sensible. Ce thĂšme, dont on a vu la fortune chez les auteurs de vulgarisation chrĂ©tiens, connaĂźt dans les recherches profanes sur la pĂ©dagogie un dĂ©veloppement analogue. L’ enseignement par les yeux51 », dont on trouverait les origines dans les travaux du pĂ©dagogue tchĂšque Comenius, connaĂźt dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, plus particuliĂšrement Ă  la suite de Marie Pape-Carpantier ou des commandes de Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique, Ă  l’imagerie Pellerin, un rĂ©el essor. En accord avec une philosophie sensualiste52 et en Ă©cho notamment au thĂšme cher Ă  Diderot selon lequel la clef des tableaux est dans la nature et s’offre Ă  tout le monde ; celle des caractĂšres alphabĂ©tiques et de leur combinaison est un pacte dont il faut que le mystĂšre soit rĂ©vĂ©lĂ©53 », l’image est parfois perçue comme une sorte de langue naturelle immĂ©diatement accessible Ă  tous. IdĂ©al romantique d’un langage universel qui permette d’échapper Ă  l’arbitraire du signe et offre une possibilitĂ© de communication de masse, dont la trace se retrouve tant chez les pĂ©dagogues laĂŻques que chez les catĂ©chistes. Le pĂšre Bailly, maĂźtre d’Ɠuvre du Grand CatĂ©chisme en images de Bonne Presse reprend l’idĂ©e que l’image est une PentecĂŽte54 ». 55 Le Peuple, 1846. 56 RĂ©flexions Ă  propos d’un programme » BibliothĂšque universelle de GenĂšve, janvier et avril 1836, ... 57 Id, ibid. p. 175. 29Si le principe pose et revendique hautement une prĂ©tention Ă  l’universalitĂ© qui fait de l’image un argument privilĂ©giĂ© d’une dĂ©marche catholique », la pratique tend, il est vrai, Ă  en restreindre les emplois. Dans les faits, une cible se distingue, la catĂ©chĂšse par l’image paraĂźt particuliĂšrement bien adaptĂ©e aux enfants, au peuple et aux missions. En effet, si l’homme est sensible par nature, l’aide des images est toutefois plus nĂ©cessaire encore pour ceux dont les facultĂ©s de conceptualisation et de raisonnement sont faibles, soit qu’elles n’aient pas encore grandi en eux soit qu’ils ne les aient guĂšre Ă©duquĂ©es. L’argument n’est pas rĂ©servĂ© aux penseurs chrĂ©tiens, la parentĂ© d’esprit entre le peuple » et l’enfant est frĂ©quemment invoquĂ©e au XIXe siĂšcle ; outre l’analogie que dĂ©veloppe Michelet55 Ă  ce sujet, on retrouve des propos similaires dans les rĂ©flexions qui s’élaborent sur le rĂŽle pĂ©dagogique du visuel. Inventeur de la littĂ©rature en estampes, Rodolphe Töpffer, pĂ©dagogue genevois, thĂ©orise un usage didactique de l’imagerie dans un texte paru en 183656 Ă  GenĂšve et dont le Magasin pittoresque a reproduit des extraits en 1842. Il y souligne ce lien Les hommes du petit peuple, neufs aussi, ignorants, mais dont l’imagination a conservĂ© sa vigueur et l’esprit sa docilitĂ©, sont Ă  ces divers Ă©gards accessibles comme l’enfance Ă  de pareilles impressions ; comme pour l’enfance un spectacle a sur eux plus d’emprise qu’un discours, une image qu’un prĂŽne » et rappelle prĂ©cisĂ©ment combien celui-ci fut exploitĂ© par l’Église c’est par les images dont elle a eu longtemps le monopole [...] qu’elle a principalement subjuguĂ© les intelligences, en faisant soigneusement tourner au profit de ses doctrines et de son pouvoir les impressions vives de l’enfance, et les impressions non moins vives des hommes du peuple57 ». 58 Catalogue gĂ©nĂ©ral des publications, Maison de la Bonne Presse, juin 1896, p. 55. 30Conscients de cet atout, les assomptionnistes qui, au travers de la Maison de la Bonne Presse, vont se lancer dans la presse illustrĂ©e bon marchĂ© ainsi que dans diverses productions d’imageries sur papier ou plaques de lanterne magique destinĂ©es prĂ©cisĂ©ment Ă  la catĂ©chĂšse, soulignent pourtant Ă  propos du catĂ©chisme en images que l’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© que ces tableaux aidaient puissamment Ă  l’enseignement de la religion aux enfants et dans les auditoires de paroisses rurales et des Ɠuvres ouvriĂšres. Il serait dĂ©sirable que les auditoires bien riches eussent la simplicitĂ© de s’instruire de la mĂȘme façon58 ». 59 Voir sur ce point l’analyse de SĂ©golĂšne Le Men, La question de l’illustration », in Roger Charti ... 60 Cf. le Fascinateur, 1903, p. 99, le PĂšlerin, mars 1903. Le recul de la pratique religieuse masculi ... 31Aborder la question du public de l’image appelle bien souvent l’évocation d’une trilogie pour laquelle il faudrait ajouter Ă  la mention dĂ©jĂ  faite du peuple et de l’enfant la figure de la femme, destinataire privilĂ©giĂ©e Ă  l’époque romantique des albums, livres illustrĂ©s ou ouvrages de piĂ©tĂ© richement ornĂ©s. Cette approche de l’image, comme mĂ©dia rĂ©servĂ© Ă  un lectorat de “seconde catĂ©gorie”, approche qu’il convient sans doute de nuancer59, ne s’accorde pas totalement Ă  la catĂ©chĂšse. Rien n’indique que les images y soient plus particuliĂšrement destinĂ©es Ă  un public fĂ©minin. Au contraire, lorsqu’on y joint les attraits de la technique par le biais des projections, elles parviennent au miracle de faire “revenir” Ă  l’église les hommes sĂ©duits, tels de grands enfants, par la merveille des tableaux projetĂ©s lors des sermons lumineux », comme en tĂ©moignent les premiers comptes-rendus parus dans le Fascinateur60 qui prĂ©cisent que Chaque fois l’affluence a Ă©tĂ©, parmi les hommes notamment, beaucoup plus considĂ©rable ». Le mĂȘme effet est rappelĂ© pour les sĂ©ances paroissiales de catĂ©chisme avec projections. Image et catĂ©chĂšse dans une approche renouvelĂ©e 61 Le projet initial avait Ă©tĂ© conçu par un laĂŻc, Ph. Faure de Sardiges dans les annĂ©es 1860 avant d’ ... 32Dans ces catĂ©chismes anciens, l’image joue sur plusieurs registres – par la disposition des sujets, elle facilite la mĂ©morisation – par le choix des illustrations elle ancre dans une histoire ou au contraire favorise l’actualisation du prescrit et par effet de miroir implique le spectateur dans l’observance des commandements – par le rĂ©emploi d’une iconographie savante ou traditionnelle, elle inscrit dans un passĂ© commun et permet l’appropriation d’un patrimoine partagĂ©. L’effort de sĂ©duction et d’adaptation pĂ©dagogique dont ils tĂ©moignent est cependant sans lien avec l’évolution du contenu. Au contraire, l’exceptionnelle longĂ©vitĂ© dont certains ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, c’est le cas notamment de celui de la Bonne Presse qui figure au catalogue de l’éditeur jusqu’en 1950 alors qu’il a Ă©tĂ© pensĂ© prĂšs d’un siĂšcle plus tĂŽt61, souligne encore davantage le dĂ©calage avec les nouvelles mĂ©thodes de catĂ©chĂšse qui se mettent en place. En effet, le mouvement catĂ©chĂ©tique dont les premiĂšres rĂ©flexions s’élaborent dans l’entre-deux-guerres va progressivement et non sans quelques heurts renouveler contenus et pratiques du catĂ©chisme avec le plus souvent un regard critique sur l’enseignement du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. 33En faisant une incursion rapide sur la pĂ©riode contemporaine, on aura beau jeu de souligner les diffĂ©rences dans l’emploi actuel de l’image. Est-il seulement pertinent de chercher des liens ? Trois remarques permettent d’esquisser des perspectives de recherches dans ce domaine – l’affirmation symptomatique d’une continuitĂ© dans les rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques, – les modifications pourtant profondes dans l’intention qui prĂ©side au choix des visuels, – l’importance, soulignĂ©e de façon relativement rĂ©cente, de la tradition iconographique dans la mĂ©moire du peuple chrĂ©tien. 62 Points de RepĂšre, n° 142, 1994, p. 22. 63 Ci. L’Éducation du sens religieux, 1946. 64 Cf. François Boespflug, Le vieillard dĂ©trĂŽnĂ©, l’image de Dieu le PĂšre dans l’art et les mĂ©dias » ... 34Points de repĂšre, mensuel destinĂ© aux catĂ©chistes, consacrant un dossier Ă  la place des sens dans la catĂ©chĂšse dans lequel l’image est Ă©voquĂ©e, s’ouvre de façon significative par une rĂ©fĂ©rence Ă  Aristote rien dans l’intelligence qui ne passe par les sens » via une citation de Thomas d’Aquin62. Comme si, aujourd’hui encore, avant d’employer des images il fallait s’en excuser par la nĂ©cessitĂ© de faire appel aux sens, ou tout au moins garantir toujours une certaine continuitĂ© avec la pratique de l’Église. De fait, l’importance accordĂ©e au sensible s’est largement imposĂ©e dans la catĂ©chĂšse depuis les travaux pionniers d’HĂ©lĂšne Lubienska de Lenval63 ou de Marie Fargues parmi beaucoup d’autres. Attachement Ă  la gestuelle, expressions corporelles, chants, dessins y ont trouvĂ© leur place peut-ĂȘtre plus facilement que l’image qui souffrait justement de son rĂŽle traditionnel. En outre, les dĂ©rives sur le plan thĂ©ologique d’une certaine imagerie de la fin du XIXe siĂšcle ont contribuĂ© Ă  jeter la suspicion sur les reprĂ©sentations autrefois associĂ©es Ă  certains points du dogme. L’image de Dieu le PĂšre64 en vieillard vĂ©nĂ©rable en est un cas exemplaire mais non isolĂ©. 65 Il s’agit lĂ  d’un genre diffĂ©rent et trĂšs abondamment illustrĂ©. 35En fait, plutĂŽt que les images “notionnelles” susceptibles de vĂ©hiculer des concepts, le visuel fait retour sur un mode affectif qui, dans les sens, privilĂ©gie l’aspect suggestif d’une Ă©motion partagĂ©e. Signe de cet intĂ©rĂȘt, l’image propose au lecteur de multiples reprĂ©sentations de l’enfant alors que dans les catĂ©chismes en images du XIXe siĂšcle celui-ci Ă©tait Ă  peine reprĂ©sentĂ©. Le seul modĂšle enfantin proposĂ© Ă©tait celui du Christ obĂ©issant Ă  ses parents sur le thĂšme de l’atelier de Nazareth, soit encore un modĂšle trĂšs didactique alors que la figure du petit JĂ©sus et de ses jeux, Ă  la maniĂšre de l’imagerie de dĂ©votion, y Ă©tait assez rare. L’amorce d’une Ă©volution se dessine dans le catĂ©chisme illustrĂ©65 paru chez Lethielleux et maintes fois rééditĂ© Ă  partir de 1900 avec des frontispices qui mettent en scĂšne de jeunes lecteurs. Cependant, rares sont les figures enfantines qui apparaissent dans le corps de l’ouvrage et ce pour mettre en image et rappeler des rĂŽles et gestes d’apprentissage geste des enfants communiant ou geste de la rĂ©citation de la leçon un garçonnet debout, mains derriĂšre le dos, rĂ©pond Ă  la dame catĂ©chiste. 66 Pierres Vivantes, p. 122. 67 Id, p. 140. 68 Id, p. 29. 69 Id, p. 35 36L’enfant, au contraire, est aujourd’hui omniprĂ©sent dans Pierres Vivantes, pour prendre un exemple qui, sans ĂȘtre Ă  lui seul un catĂ©chisme, constitue encore le document de rĂ©fĂ©rence commun Ă  tous les diocĂšses de France. Les enfants y sont reprĂ©sentĂ©s en situation de catĂ©chĂšse active discussion de groupe, dĂ©coupages etc. ainsi que dans leurs jeux, activitĂ©s, vie de famille quotidienne... Cet effet de miroir vise l’intĂ©riorisation non seulement d’une identification et d’une participation Ă  un groupe – celui des enfants catĂ©chisĂ©s dans lequel ils se reconnaissent – mais encore est supposĂ© leur faire comprendre en leur faisant “ressentir” les effets de la convivialitĂ© et du partage.... Ainsi, la photo de l’anniversaire d’une fillette montre que la cĂ©lĂ©bration des annĂ©es, du rythme du temps... fait partie de la vie humaine et conduit ensuite le regard vers le rythme des cĂ©lĂ©brations chrĂ©tiennes66, les gestes d’amitiĂ© d’enfants qui jouent sont supposĂ©s suggĂ©rer l’entente et la fraternitĂ© et par lĂ  introduire Ă  la notion chrĂ©tienne de ces valeurs67, des expĂ©riences de vie la photo d’une cascade, le passage d’un lieu sombre Ă  la lumiĂšre68 sont mis en rapport avec des images symboliques pour faire rĂ©sonner leur signification dans un vĂ©cu sensible de l’enfant. De mĂȘme, la reprĂ©sentation d’un couple avec un bĂ©bĂ© doit apparaĂźtre comme un reflet de l’amour crĂ©ateur de Dieu69 ». 37Alors que les scĂšnes Ă©voquant le monde contemporain proposaient Ă  l’enfant, au siĂšcle dernier, des modĂšles adultes afin de l’inciter Ă  s’intĂ©grer Ă  une sociĂ©tĂ© en tant que futur adulte chrĂ©tien, le souci actuel est au contraire d’ancrer les expressions de la foi dans sa vie quotidienne. Associer les temps forts de son enfance, reprĂ©sentĂ©s par des images de jeu, amitiĂ©s, relations familiales au message catĂ©chĂ©tique en jouant sur l’affectif des situations “vĂ©cues”, devient un objectif qui s’imposait sans doute moins dans une sociĂ©tĂ© oĂč l’enfant Ă©tait plus naturellement plongĂ© dans un environnement rythmĂ© par le temps chrĂ©tien. 70 ld, pp. 130-131. 71 Signe de l’importance attachĂ©e Ă  l’éducation d’une mĂ©moire collective, analyse Ă  rapprocher de ce ... 72 Notion Ă  laquelle se sont attachĂ©s les travaux sur l’image menĂ©s par l’ACNAV. 38La nouvelle Ă©dition, parue en 1994, enrichit l’iconographie, modernise parfois les choix de 1985 et surtout met en place dans de grandes double pages des compositions qui mĂȘlent photographies contemporaines et reproductions des Ɠuvres majeures du patrimoine religieux. La planche consacrĂ©e Ă  l’eucharistie70 rassemble ainsi dix-huit clichĂ©s de tailles diffĂ©rentes, autour d’une image de la CĂšne extraite du Messie de Rossellini, image dont on ne sait si elle entend signifier l’actualitĂ© d’une parole qui peut encore aujourd’hui inspirer un film ou, au contraire, par la pseudo-authenticitĂ© du caractĂšre sĂ©mite des personnages et le dĂ©pouillement de la table suggĂ©rer un effet de rĂ©alitĂ© ? Sans doute s’agit-il de marquer la rupture avec les reprĂ©sentations idĂ©alisĂ©es du passĂ© Christ blond aux yeux bleus, richesse excessive du dĂ©cor... ? Rapprocher le Christ d’un hĂ©ros de cinĂ©ma, mĂȘme dans un contexte symbolique, et lui donner, ne fut-ce qu’un instant, les traits d’un acteur, n’est pas nĂ©cessairement un choix plus rĂ©aliste que la traditionnelle reprĂ©sentation de la CĂšne de LĂ©onard de Vinci dont les multiples rĂ©adaptions ont marquĂ© nombre de souvenirs de communion. Plus intĂ©ressante est la façon dont sont disposĂ©es tout autour diverses illustrations fresque, vitrail, miniature, tableau du XVIIe siĂšcle, patĂšne du XIXe, qui suggĂšrent la richesse symbolique du sacrement en l’inscrivant dans la pratique de diffĂ©rentes Ă©poques. Des photographies actuelles de cĂ©lĂ©bration marquent les quatre angles, retrouvant une symbolique traditionnelle de l’ordre visuel qui confĂšre Ă  la dimension cardinale l’ouverture sur le monde et sur l’action. Origine du sacrement, inscription dans la continuitĂ© des repas bibliques de l’hospitalitĂ© d’Abraham aux noces de Cana sans oublier l’évocation typologique de la manne ; explicitation de la portĂ©e symbolique et du thĂšme sacrificiel et glorieux agneau sur le livre aux sept sceaux mise en scĂšne enfin de la pratique du sacrement dans le vĂ©cu du fidĂšle avec le geste de la communion sous les deux espĂšces..., on retrouve finalement dans cette double page, la complexitĂ© et la richesse des compositions didactiques des anciens panneaux catĂ©chĂ©tiques. Si la forme de l’image a Ă©tĂ© “actualisĂ©e”, les grandes modalitĂ©s de l’activitĂ© de symbolisation qu’elle suscite, demeurent. L’intĂ©rĂȘt de ces choix iconographiques est d’instaurer un lien entre les Ă©poques, de renforcer la notion de continuum de la chrĂ©tientĂ©71 et d’introduire, par la mise en place d’ensembles et de sous-ensembles visuels, l’idĂ©e de sĂ©quence d’images72 composant une lecture fondĂ©e sur un Ă©clairage rĂ©ciproque des scĂšnes au lieu d’une simple juxtaposition de clichĂ©s. 73 Comme le rappelle François Boespflug, La seconde voix », Cristianesimo nella Storia, vol. 14,199 ... 39Cette derniĂšre Ă©dition n’ayant modifiĂ© que les illustrations sans rien changer au texte, les Ă©vĂȘques n’ont pas estimĂ© nĂ©cessaire d’en renouveler l’approbation. Attitude positive par la confiance faite aux Ă©quipes catĂ©chĂ©tiques mais qui peut aussi contribuer Ă  accrĂ©diter l’idĂ©e que l’illustration ne serait qu’une parole d’accompagnement par nature soumise au texte qui ne saurait avoir de discours propre. Ex genere adiaphoron, l’image, neutre par essence, ne peut nuire, position peut-ĂȘtre angĂ©lique ? La force suggestive de l’image semble mise en avant au dĂ©triment de tout pouvoir d’interprĂ©tation, or si, l’on peut d’une certaine maniĂšre distinguer les fonctions de l’image, celle-ci n’est jamais rĂ©ductible Ă  un rĂŽle bien dĂ©fini. Une image dite suggestive peut porter dans certains contextes un discours thĂ©ologique et mĂȘme parfois aller jusqu’à subvertir le message religieux73 ». Quant aux images supposĂ©es didactiques ou Ă  portĂ©e thĂ©ologique clairement affirmĂ©e, elles ont, elles aussi par nature, qu’elles soient considĂ©rĂ©es comme belles ou laides, un pouvoir de suggestion. 74 Voir le Fonds obligatoire », publiĂ© en supplĂ©ment de CatĂ©chĂšse n° 29, 1967. 75 Op. cit., p. 6. 40Dans le contexte actuel, le recours aux images fixes rĂ©pond d’une part au souci affirmĂ© dĂšs les documents de rĂ©fĂ©rence des annĂ©es soixante-dix74 de rendre la catĂ©chĂšse plus proche de l’expĂ©rience vĂ©cue des enfants quelle que soit leur formation initiale ou leur origine sociale. Il permet d’autre part, et il est significatif que les textes y insistent Ă  nouveau, l’appropriation dĂšs le catĂ©chisme d’un patrimoine d’art religieux dans lequel, l’enfant est amenĂ© Ă  percevoir au-delĂ  de la diversitĂ© des formes qui tend Ă  traduire la diversitĂ© des contextes culturels et historiques, une certaine continuitĂ© de l’expression de la foi Ă  travers les siĂšcles. Dans le livret de prĂ©sentation75, dĂ©couvrir l’iconographie chrĂ©tienne » est citĂ© comme une des raisons d’avoir recours Ă  Pierres Vivantes au mĂȘme titre que lire un texte biblique » ou connaĂźtre les grands tĂ©moins d’hier et d’aujourd’hui ». 76 Voir sur ce point Pierre Alain Mariaux, L’image selon GrĂ©goire le Grand et la question de l’art ... 77 Cf. S. GrĂ©goire, Moralia in lob., V, XXIV, 61, citĂ© par Pierre Alain Mariaux, p. 8. 41ExpĂ©rience religieuse authentique, en tant que lieu d’apprentissage de la foi et d’initiation aux sacrements, le catĂ©chisme accorde un intĂ©rĂȘt rĂ©el aux activitĂ©s dites sensorielles. L’image y tient une place qui, pour ne pas ĂȘtre nouvelle comme on l’a rappelĂ© ici, n’en est pas moins constitutive Ă  sa maniĂšre de l’approche religieuse de l’enfant. Loin de se rĂ©duire Ă  une simple traduction du texte, elle intervient en propre dans la transmission et la rĂ©ception du message catĂ©chĂ©tique et, paradoxalement, retrouve en cela d’autres aspects de la pensĂ©e de GrĂ©goire le Grand sur l’image. Pour lui, en effet, tout art est un moyen de connaissance de Dieu, non pas tant parce qu’il ne serait qu’une forme “simplifiĂ©e” d’un Ă©crit inaccessible aux illettrĂ©s mais parce que l’image n’est comme le texte que l’un des avatars de la parole, c’est-Ă -dire du Logos. [...] La lettre et l’image s’adressent toutes deux aux sens car elles ne sont que deux manifestations diffĂ©rentes d’une mĂȘme forme76 ». Toutes deux appartiennent au domaine du visible qui est signe de l’invisible, or selon S. GrĂ©goire, il est nĂ©cessaire de se servir du sensible pour atteindre la pleine connaissance de Dieu puisque l’homme Ă  l’origine ĂȘtre spirituel mĂȘme dans sa chair » est devenu ĂȘtre charnel mĂȘme dans son Ăąme77 ». Inicio de pĂĄgina Notas 1 Joseph De Finance, sj., Paris, Beauchesne,1988. 2 On entendra ici par catĂ©chĂšse l’ensemble des activitĂ©s catĂ©chĂ©tiques », catĂ©chisme se rĂ©fĂ©rant davantage au manuel, sans Ă©tablir un partage strict entre enfants et adultes et sans reprendre nĂ©cessairement en compte tous les aspects de la distinction souvent polĂ©mique entre un catĂ©chisme thĂ©orique » et une catĂ©chĂšse qui serait l’ expression d’une foi active », pour une critique de ces dĂ©finitions voir Joseph Colomb, Le service de l’évangile, Paris, DesclĂ©e et Cie, 1968, p. 7. 3 Voir sur ce sujet Elisabeth Germain, Langages de la Foi Ă  travers l’histoire, approche d’une Ă©tude des mentalitĂ©s, Paris, Fayard Marne, 1972. 4 M. Faillon, MĂ©thode de Saint-Sulpice dans la direction des catĂ©chismes, 1832. 5 Au motif notamment que les peintures sont la lecture de ceux qui ne savent pas leurs lettres »,voir la cĂ©lĂšbre lettre Ă  Serenus, Ă©vĂȘque de Marseille, v. 600. trad. in Daniele Menozzi, Les Images. L’Église et les arts visuels, Paris, Cerf, 1991, pp. 75-77. 6 Ce que souligne L. G. Duggan, Was art really the “book of the illiterate” ? », Word & Image, juillet-septembre 1989, pp. 227-251. 7 Le catĂ©chisme du Concile de Trente est illustrĂ© par Romano en 1587, celui de Canisius reçoit plusieurs Ă©ditions ornĂ©es de gravures dĂšs la fin du XVIe siĂšcle. 8 Cf. Dominique Julia, La leçon de catĂ©chisme dans l’Escole paroissiale de Jacques de Batencour 1654 », in Pierre Colin, Élisabeth Germain, Jean Joncheray et Marc VĂ©nard, Aux origines du catĂ©chisme en France 1500-1660, Paris, DesclĂ©e, 1989, pp. 160-187. 9 Dominique Lerch, L’image dans l’imagerie pieuse en Alsace 1848-1914, Souvenirs d’ordination et souvenirs mortuaires », in StĂ©phane Michaud, Jean-Yves Mollier, Nicole Savy, Ă©ds., Usages de l’image au XIX’ siĂšcle, Paris, CrĂ©aphis, 1992, pp. 39-49. 10 Ces rĂ©flexions sont extraites d’une recherche en cours sur les catĂ©chismes en images, voir pour l’étude d’un exemple Isabelle Saint-Martin CatĂ©chismes et images de la foi former un imaginaire religieux Ă  la fin du XIXe siĂšcle », in Michel MĂ©nard et Annie Duprat, Ă©ds, Histoire, images, imaginaires, Presses de l’universitĂ© du Maine, 1998, pp. 273-286. 11 Sur les thĂšmes de l’imagerie de piĂ©tĂ© au cours du siĂšcle voir notamment Michel Albaric, Catherine Rosenbaum-Dondaine, J-P Seguin, L’Image de piĂ©tĂ© en France, 1814-1914, musĂ©e-galerie de la Seita, 1984 ; Dominique Lerch, Imagerie populaire en Alsace et dans l’est de la France, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992 ; Jean Pirotte, Images des vivants et des morts. La vision du monde propagĂ©e par l’imagerie de dĂ©votion dans le Namurois, 1840-1965, Louvain la Neuve, CollĂšge Erasme, 1987. 12 Le PĂšlerin, 1882, p. 784. 13 Manuel du catĂ©chiste, reĂ©d. de 1909, p. 64. 14 Bossuet, CatĂ©chisme des/estes, avertissement, Ă©dition de 1690. 15 Voir sur ce sujet François Boespflug, Dieu dans l’art, Sollicitudini Nostrae de BenoĂźt XIV 1745 et l’affaire Crescence de Kaufbeuren, Paris, Cerf, 1984. 16 Voir Jean Delumeau, La peur en Occident XIVe-XVIIIe siĂšcle, Paris, Fayard, 1978 et ce malgrĂ© les progrĂšs du liguorisme, cf. GĂ©rard Cholvy. Du Dieu terrible au Dieu d’amour, une Ă©volution de la sensibilitĂ© religieuse au XIXe siĂšcle, Pastorale et PrĂ©dication, Dijon, actes du 109e CongrĂšs national des sociĂ©tĂ©s savantes, 1984, pp. 141-154. 17 Cf. pour les Images morales, Anne Sauvy, Le Miroir du cƓur, Paris, Cerf, 1989. 18 Voir Frances Yates, L’Art de la mĂ©moire, Paris, Gallimard. 1975 Ă©d. or. 1966, il s’agit Ă  l’origine d’images mentales, mais nombre de compositions picturales relĂšvent de ce principe, cf. D. Arasse, Ars memoriae et symboles visuels », Symboles de la Renaissance, Presses de l’École Normale SupĂ©rieure, 1976. 19 CatĂ©chisme appris aux enfants au moyen des tableaux rĂ©duits..., Tolra, prĂ©face 20 Frontispice Ă  compartiments, cf. SĂ©golĂšne Le Men. La vignette et la lettre », , in Henri-Jean Martin et Roger Chartier, Histoire de l’édition française, Paris, Promodis, 1985, tome III, pp. 313-327. 21 Pour une rĂ©flexion plus large sur le rapport complexe entre image et narration tel qu’il a pu ĂȘtre pensĂ© dans l’art occidental, voir Anne-Marie Christin, L’image informĂ©e par l’écriture », Texte, 1998. 22 Jean SĂ©guy, Images et religion populaire », Archives de Sciences sociales des religions, n° 44-l, 1977, p. 27. 23 Cf. C. Rosenbaum, Images-souvenirs de premiĂšre communion », in Jean Delumeau, Ă©d., La PremiĂšre communion, quatre siĂšcles d’histoire, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 1987, pp. 133-169. La vogue des grandes images laisse place au cours du siĂšcle Ă  une petite imagerie dont l’iconographie est bien diffĂ©rente. 24 La figure du Christ-prĂȘtre est frĂ©quente au XIXe siĂšcle, dans l’esprit de l’École de spiritualitĂ© française, voir sur ce point, J. de Simard, Une iconographie du clergĂ© français au XVII’ siĂšcle. Les dĂ©votions de l’École française et les sources de l’imagerie religieuse en France et au QuĂ©bec, Presses de l’UniversitĂ© de Laval, 1976. 25 PremiĂšre communion et sacrement des malades, ici illustrĂ©s dans cette publication du Second Empire par des Ă©pisodes de la vie de NapolĂ©on Ier. 26 I R. 19, 1-8. 27 Mt 27, 3-10. 28 Grand CatĂ©chisme des familles, Paris, Librairie des catĂ©chismes, 1907 29 DĂ©cret sur la communion frĂ©quente, Actes de Pie X, t, II, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1905. 30 Joseph Colomb, op. cit, p. 410. 31 Voir, parmi de nombreux exemples, le CatĂ©chisme illustrĂ© du diocĂšse de Sens, 1901 32 Cf. pour une Ă©tude contemporaine du gestuel de la communion, Laurence HĂ©rault, La Grande Communion, Paris, Édition du 1996. 33 Le Fascinateur, 1er octobre 1906, p. 311. 34 Il faudrait bien sĂ»r nuancer selon les cas, je reviens sur cette rĂ©fĂ©rence au monde anglican in PrĂ©dication et projections lumineuses 1885-1912 », La PrĂ©dication, XIXe-XXe siĂšcles, actes de la journĂ©e d’études de l’ Ă  paraĂźtre. 35 Ce serait un autre dĂ©bat, cf. sur ce point Claude Savart, Quelle Bible les catholiques français lisaient-ils ? », in Jean-NoĂ«l Aletti et Claude Savart, Le Monde contemporain et la Bible, Paris, Beau-chesne, 1985, pp. 19-34. 36 Manuel des FrĂšres des Écoles chrĂ©tiennes, op. cit. 37 Voir pour quelques exemples Isabelle Saint Martin, Du vitrail Ă  la lanterne magique le catĂ©chisme en images », in SĂ©golĂšne Le Men, Ă©d., Lanternes magiques tableaux transparents, RMN, musĂ©e d’Orsay, 1995. 38 J. Bricout, L’Enseignement du catĂ©chisme en France, Paris, Bloud & Gay, 1922, p. 37. 39 Tolra, 1899. 40 Augsbourg, Jacques Chardon, 1614. 41 Ad Pisones, citĂ© par V. Grumel, in Dictionnaire de ThĂ©ologie Catholique, Vacant et Mangenot, [dir.]. art Image. 42 François Boespflug, op. cit., p. 267. 43 Michel LagrĂ©e, La BĂ©nĂ©diction de PromĂ©thĂ©e. Religion et technologie, Paris, Fayard, 1999. Il souligne l’influence du Rationale dans les ouvrages de vulgarisation liturgique du XIXe siĂšcle. Voir Ă©galement les actes du colloque Guillaume Durand de Mende v. 1230-1296, textes rĂ©unis par Pierre-Marie Gy, CNRS, 1992. 44 CitĂ© par Daniele Menozzi, op. cit,. p. 137. 45 S’agit-il de l’éditeur ou, par un artifice courant, de l’auteur lui-mĂȘme ? 46 Bossuet, CatĂ©chisme du diocĂšse de Meaux, 1687, Avertissement. 47 Il n’y a pas de pensĂ©e sans image ». voir notamment De l’ñme, livre III et le petit traitĂ© Sur la mĂ©moire et la rĂ©miniscence. 48 Canisius, De Maria Virgine, liv 5, chap 22 [ 1577], citĂ© par Émile MĂąle, L’Art religieux du XVIIe siĂšcle, Paris, Ă©d. A. Colin, 1984, p. 45. 49 CitĂ© par Anne Sauvy, op. cit, p. 167. 50 BibliothĂšque des Exercices spirituels de Saint Ignace, 1907, p. 23. 51 SĂ©golĂšne Le Men, Les AbĂ©cĂ©daires français illustrĂ©s du XIXe siĂšcle, Paris, Promodis, 1984 ; l’Orbis sensualium pictus de Comenius est publiĂ© en 1658, ce n’est certes pas le premier exemple de pĂ©dagogie par l’image mais l’un des plus cĂ©lĂšbres et des plus achevĂ©s. 52 L’influence des PensĂ©es sur l’éducation de Locke ou des thĂšses de Rousseau sur ce type rĂ©flexion est importante encore au XIXe siĂšcle. 53 Art composition en peinture », EncyclopĂ©die vol. XIV 54 Le PĂšlerin, 1882, p. 704. Langue naturelle » qui serait alors comprĂ©hensible dans la langue de chacun. 55 Le Peuple, 1846. 56 RĂ©flexions Ă  propos d’un programme » BibliothĂšque universelle de GenĂšve, janvier et avril 1836, des extraits en ont paru dans le Magasin pittoresque en 1842, voir une analyse de cet article in Annie Renonciat, Rodolphe Töpffer et l’image populaire », Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique, historique et artistique le Vieux Papier, octobre 1992, janvier Ă  juillet 1993. 57 Id, ibid. p. 175. 58 Catalogue gĂ©nĂ©ral des publications, Maison de la Bonne Presse, juin 1896, p. 55. 59 Voir sur ce point l’analyse de SĂ©golĂšne Le Men, La question de l’illustration », in Roger Chartier, Ă©d., Histoires de la lecture, Paris, 1995, pp. 229-247, en part. p. 233. 60 Cf. le Fascinateur, 1903, p. 99, le PĂšlerin, mars 1903. Le recul de la pratique religieuse masculine prĂ©occupe vivement le clergĂ© dĂšs le XIXe siĂšcle, voir pour une mise en perspective de ces questions et leur prolongement au XXe siĂšcle Claude Langlois “Toujours plus pratiquantes”, la permanence du dimorphisme sexuel dans le catholicisme français contemporain », Clio, 1995/2. 61 Le projet initial avait Ă©tĂ© conçu par un laĂŻc, Ph. Faure de Sardiges dans les annĂ©es 1860 avant d’ĂȘtre repris et modifiĂ© par le pĂšre Bailly dans les annĂ©es 1880. 62 Points de RepĂšre, n° 142, 1994, p. 22. 63 Ci. L’Éducation du sens religieux, 1946. 64 Cf. François Boespflug, Le vieillard dĂ©trĂŽnĂ©, l’image de Dieu le PĂšre dans l’art et les mĂ©dias » Lumen Vitae, 65 Il s’agit lĂ  d’un genre diffĂ©rent et trĂšs abondamment illustrĂ©. 66 Pierres Vivantes, p. 122. 67 Id, p. 140. 68 Id, p. 29. 69 Id, p. 35 70 ld, pp. 130-131. 71 Signe de l’importance attachĂ©e Ă  l’éducation d’une mĂ©moire collective, analyse Ă  rapprocher de ce que DaniĂšle Hervieu-LĂ©ger a mis en Ă©vidence dans La Religion pour mĂ©moire, Cerf, 1993, en particulier p. 179s. 72 Notion Ă  laquelle se sont attachĂ©s les travaux sur l’image menĂ©s par l’ACNAV. 73 Comme le rappelle François Boespflug, La seconde voix », Cristianesimo nella Storia, vol. 14,1993, p. 670. 74 Voir le Fonds obligatoire », publiĂ© en supplĂ©ment de CatĂ©chĂšse n° 29, 1967. 75 Op. cit., p. 6. 76 Voir sur ce point Pierre Alain Mariaux, L’image selon GrĂ©goire le Grand et la question de l’art missionnaire », Cristianesimo nella Storia, vol. 14-1, 1993, pp. 1-12. 77 Cf. S. GrĂ©goire, Moralia in lob., V, XXIV, 61, citĂ© par Pierre Alain Mariaux, p. de pĂĄgina Para citar este artĂ­culo Referencia en papel Isabelle Saint-Martin, “CatĂ©chisme en images”, une pĂ©dagogie par le sensible ? », Archives de sciences sociales des religions, 111 2000, 57-78. Referencia electrĂłnica Isabelle Saint-Martin, “CatĂ©chisme en images”, une pĂ©dagogie par le sensible ? », Archives de sciences sociales des religions [En lĂ­nea], 111 juillet-septembre 2000, Publicado el 19 agosto 2009, consultado el 20 agosto 2022. URL ; DOI Inicio de pĂĄgina Autor Isabelle Saint-Martin Centre d’étude de l’écriture, UniversitĂ© Paris VII ArtĂ­culos del mismo autor Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, 202 p. ill. ArtĂ­culo 156-9 À propos de Alizart Mark, dir., Traces du sacrĂ©. Catalogue de l’exposition prĂ©sentĂ©e au Centre Pompidou, 7 mai-11 aoĂ»t 2008 et Ă  Munich, Haus der Kunst, 19 septembre-11 janvier 2009, Paris, Éditions du Centre Pompidou, JĂ©rĂŽme, La mystique de l’art. Art et christianisme de 1900 Ă  nos jours, Paris, Éditions du Cerf, coll. Histoire », Chantal, dir., Épreuves du mystĂšre, Paris, Éditions Éreme, 2008. GenĂšve, Labor et Fides, 1999, 128 p. ArtĂ­culo Paris, Éditions, 2000, 389 p. illustr. prĂ©face du Cardinal Poupard ArtĂ­culo GenĂšve, Droz, coll. Travaux du Grand SiĂšcle », XXVI, 2005, 423 p. ArtĂ­culo 138-31 Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2002, 208 p. coll. Sciences de l'histoire » ArtĂ­culo Todos los textos... Inicio de pĂĄgina
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Les plaques de verre de La Bonne Presse Vous savez tous que La Maison de la Bonne Presse entretenait une grande activitĂ© de projections lumineuses, vendant des projecteurs, des lanternes magiques, dont elle sous-traitait la fabrication, et des collections de photos sur plaques de verre, qui firent les beaux aprĂšs-midi des patronages paroissiaux et de bien des Ă©coles catholiques. Quelque 40 000 plaques environ furent ainsi extraites des caves de la rue Bayard il y a quelques annĂ©es, qui se retrouvĂšrent entassĂ©es dans un hangar de la communautĂ© assomptionniste de Juvisy. Un passionnĂ©, Philippe Fournet, qui travaille lui-mĂȘme Ă  Bayard, a entrepris de numĂ©riser cette impressionnante collection, du moins de commencer Ă  le faire plus de 6 000 plaques l’ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ©. Et le rĂ©sultat est spectaculaire. 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 la culture française est d’une richesse incroyable. Festival d’Avignon, rencontres d’Arles, festival de Cannes... des Ă©vĂ©nements de renommĂ©e internationale ont lieu chaque annĂ©e sur notre territoire et la culture qu’ils reprĂ©sentent est accessible Ă  tous. La France est un pays de musĂ©es, de salles de spectacles, de galeries d’art
 et Internet, en dernier ou premier recours, est aussi une porte d’accĂšs exceptionnelle Ă  cette culture. On s’informe sur les derniĂšres sorties, on lit les critiques ou bien on consomme directement, depuis chez nous, ce formidable patrimoine culturel.
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Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est Ă  eux. Heureux les doux, car ils recevront la terre en hĂ©ritage. Heureux les affligĂ©s, car ils seront consolĂ©s. Heureux les affamĂ©s et assoiffĂ©s de la justice, car ils seront rassasiĂ©s. Heureux les misĂ©ricordieux, car ils obtiendront misĂ©ricorde. Heureux les cƓurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelĂ©s fils de Dieu. Heureux les persĂ©cutĂ©s pour la justice, car le Royaume des Cieux est Ă  eux. Heureux ĂȘtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persĂ©cute et si l’on vous calomnie de toutes maniĂšres Ă  cause de moi. Soyez dans la joie et l’allĂ©gresse, car votre rĂ©compense sera grande dans les cieux. copyright AELF
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AccueilCOLLECTIF CATECHISME EN IMAGES - 70 GRAVURES EN NOIR ET BLANC AVEC CATECHISME EN IMAGES - 70 GRAVURES EN NOIR ET BLANC AVEC L'EXPLICATION DE
RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© Le Fascinateur and La Bonne Presse » Catholic Media for Francophone Publics. Through a study of La Bonne Presse » and its magazine Le Fascinateur 1903-1938, this paper sheds light on an unfamiliar aspect of France and Quebec's intertwining cinematic traditions. Important questions are raised regarding Catholic cinema and the relationship between the Catholic Church and film. La Bonne Presse » participated actively in production prints, magic lantern slides, films, marketing and even in the manufacturing of equipment. All these activities faced competition from secular groups in France who were equally involved in the film industry. The beliefs held by La Bonne Presse », as well as its productions, also existed in Quebec, where the Catholic Church was concerned with overpowering the Free Masons. As a result, Le Bon CinĂ©ma National » was founded in 1907. This company focused on the diffusion of moral or religious films, frequently distributing exactly the same programs as La Bonne Presse ». Certain individuals demanded even stricter censorship. This paper demonstrates that within their cinematic histories, France and Quebec do indeed share a common destiny and parallel de page Texte intĂ©gral 1Toutes les Ă©glises, et particuliĂšrement l'Église catholique, ont connu des relations variables avec les diffĂ©rents mĂ©dias populaires. Certaines ont cru bon de n'intervenir qu'en prĂŽnant leur censure ou leur contrĂŽle, d'autres ont choisi une attitude plus active. Dans le cadre d'une recherche menĂ©e sur les discours des revues de cinĂ©ma avant les annĂ©es vingt1, je me suis intĂ©ressĂ© au cas de la Bonne Presse et de sa revue Le Fascinateur dont on retrouve au QuĂ©bec plusieurs traces matĂ©rielles. Je voulais examiner les liens qui unissent la France et le QuĂ©bec, sur le terrain des mĂ©dias catholiques et plus particuliĂšrement du cinĂ©ma en Ă©tudiant le cas d'un pĂ©riodique et d'un Ă©tablissement français qui ont exercĂ© une certaine influence au QuĂ©bec. Mais d'abord, prĂ©cisons un peu le contexte de leur Ă©mergence. 2Au XIXe siĂšcle en France, l'Église catholique fait face Ă  une opposition musclĂ©e, pour ne pas dire une hostilitĂ© rĂ©elle, de la part des forces laĂŻques qui revendiquent la sĂ©paration dĂ© l'Église et de l'État et veulent circonscrire celle-lĂ  au seul terrain qui lui soit spĂ©cifique la religion, la paroisse. Un de leurs animateurs, Jean MacĂ©, croit que la mission de l'instruction publique est d'instruire le peuple pour qu'il puisse choisir ses reprĂ©sentants avec discernement. Pour dĂ©fendre leurs idĂ©es, certains laĂŻcs, sous la direction de cet Ă©ducateur du peuple, se dotent en 1866 d'une institution, la Ligue de l'enseignement dont le but sera bientĂŽt l'instauration d'un systĂšme scolaire gratuit, obligatoire et laĂŻc, ou comme le dit son historien Elle est nĂ©e de la volontĂ© de rĂ©publicains de permettre Ă  tous d'accĂ©der Ă  l'Ă©ducation et Ă  la culture, dans le but d'exercer pleinement leur citoyennetĂ© et d'Ă©tablir durablement une sociĂ©tĂ© plus juste, plus libre, plus 3Pour rejoindre les plus larges couches de la population, la Ligue met sur pied des confĂ©rences populaires qui veulent plutĂŽt enseigner par les yeux et ont recours aux projections lumineuses. 4De leur cĂŽtĂ©, des catholiques, Ă  l'instigation des Augustins de l'Assomption, ou Assomptionnistes, fondent peu aprĂšs la dĂ©faite de 1870 la Bonne Presse, une entreprise de presse catholique qui devient trĂšs vite le chef de file français de la propagande de l'Église3. Cette congrĂ©gation, qui dĂ©ploie ses activitĂ©s sur le front des pĂšlerinages, a foi dans la puissance de la presse pour l'apostolat catholique et populaire et va se doter d'un empire de presse pour informer, guider et mĂȘme convertir les gens et les consciences. Je ne dĂ©taillerai pas toutes leurs publications. Mentionnons le lancement, en 1883, du journal La Croix. L'entreprise croit en la puissance des images et dote son imprimerie d'un dĂ©partement de l'Imagerie dont la plus grande rĂ©ussite est l'Ă©dition en 1894 du Grand CatĂ©chisme, une publication de 70 chromolithographies dont le succĂšs est Ă©norme et qui sera Ă©galement diffusĂ© au QuĂ©bec. Mais tout ce qui s'appelle imagerie imprimĂ©e impose une consommation individuelle et limite l'intervention pastorale. C'est pourquoi la Bonne Presse songe bientĂŽt Ă  avoir elle aussi recours aux projections lumineuses, comme leurs opposants de la Ligue d'enseignement4. Or il existe, parmi le personnel de la Bonne Presse, un individu compĂ©tent en optique, Coissac, Ă  qui on va confier la mise sur pied et la direction du Service des projections lumineuses. La premiĂšre rĂ©alisation du Service sera l'impression sur plaques de verre des 70 tableaux du Grand CatĂ©chisme afin qu'ils puissent ĂȘtre projetĂ©s. Le catalogue des vues fixes se dĂ©veloppe rapidement. La Bonne Presse construit aussi des lanternes de projection, certaines simples, d'autres plus perfectionnĂ©es qui permettent les fondus enchaĂźnĂ©s et autres effets esthĂ©tiques. 5Il faut rappeler que les confĂ©rences avec projection Ă©taient trĂšs populaires au XIXe siĂšcle. En France, au milieu de ce siĂšcle, l'abbĂ© Moigno s'avĂšre un pionnier de l'enseignement par l'image quasiment jusqu'Ă  sa mort en 1884; en tant que prĂȘtre, Ă©videmment, il va prĂŽner le retour Ă  la foi par ses splendeurs », selon la formulation du sous-titre d'un texte qu'il fait paraĂźtre en 1880. La Ligue de l'enseignement va poursuivre cette tradition projectionniste dans les Ă©coles rĂ©publicaines et les campagnes tandis que la Bonne Presse va plutĂŽt viser des buts spirituels il s'agit de faire prendre aux projections leur part dans les splendeurs du culte. Celle-ci se constitue d'ailleurs trĂšs vite un imposant catalogue, une encyclopĂ©die visuelle devrait-on dire, composĂ© en 1903 de quelque 12 000 clichĂ©s en noir et en couleurs sur verre. Elle offre aussi des projecteurs pour passer ces vues, dont le modĂšle Le Bayard5. La seule annĂ©e 1900-1901, la revue Les ConfĂ©rences — qui prĂ©cĂšde en quelque sorte Le Fascinateur — fournit le texte de dix-sept nouvelles confĂ©rences avec projections. L'Ă©tablissement rĂ©pond Ă  des milliers de commandes chaque annĂ©e, mĂȘme en provenance du Canada oĂč on retrouvera ses plaques par milliers. 6L'apparition du cinĂ©ma en 1895 va bientĂŽt inciter la Bonne Presse Ă  s'aventurer dans cette voie nouvelle. Car si l'image fixe et noire est dĂ©jĂ  attrayante et fascinante, on peut espĂ©rer que les images vivantes, inconnues aux gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, laissent une plus forte impression et fixent dans la mĂ©moire le message Ă  transmettre. Elle lance en 1897 un premier projecteur au standard 35 mm Edison elle aurait pu adopter le standard LumiĂšre qu'elle nomme l'Immortel, non pas en rĂ©fĂ©rence Ă  Dieu mais en cette croyance que le cinĂ©ma rĂ©ussit Ă  immortaliser le mouvement, donc la vie. La Bonne Presse a donc sous la main deux types d'appareil pour lesquels elle doit produire du matĂ©riel, autrement dit des plaques et des films. Elle travaille aussi Ă  dĂ©velopper son rĂ©seau de distribution afin d'implanter partout des cellules d'intervention catholique. Pour faciliter leur travail, elle lance en 1903 un nouveau modĂšle Immortel qui permet Ă  la fois de projeter des films et, par glissement latĂ©ral de la lanterne, des plaques de verre6. Coissac va d'ailleurs par la suite publier plusieurs ouvrages sur la projection7. Mais la Bonne Presse lance surtout une revue de cinĂ©ma qui Ă©claire aussi bien sur les aspects techniques de la projection qu'elle dĂ©bat du contenu des oeuvres et se penche sur le phĂ©nomĂšne du cinĂ©ma dans son ensemble. Ce mensuel qui se qualifie organe des rĂ©crĂ©ations instructives de la Bonne Presse » paraĂźt en janvier 1903. Il se nomme Le Fascinateur parce qu'il vise Ă  fasciner pieusement le fidĂšle et qu'il se veut l'organe des rĂ©crĂ©ations instructives. PrĂ©cisons Ă©galement que dans sa volontĂ© de toucher tous les mĂ©dias de masse, la Bonne Presse se dote d'un dĂ©partement phonographique qui Ă©dite des cylindres musicaux et met sur le marchĂ© des phonographes qui ont nom de BoĂźte aux secrets ». On constate donc que l'Ă©tablissement dispose d'une imposante assise technique et propagandiste. 7Pour atteindre ses objectifs apostoliques, la Bonne Presse s'appuie sur les quatre-vingt-trois diocĂšses que compte alors la France qui, au mĂȘme moment, vit la sĂ©paration de l'Église et de l'État, le concordat napolĂ©onien Ă©tant aboli en 1905. Mais il ne faut pas croire que les choses vont de soi car si les laĂŻcs se lancent dans l'enthousiasme dans l'aventure des vues fixes et animĂ©es, certains catholiques se montrent suspicieux de ces moyens modernes tout comme ils dĂ©noncent le cinĂ©ma dans son ensemble et son influence dite nĂ©faste. Le Fascinateur va donc Ă©galement servir Ă  faire porter la lutte idĂ©ologique au sein de l'appareil catholique. Tous ne sont pas d'accord Ă  ce que la catĂ©chĂšse passe par la projection lumineuse, non plus que la prĂ©dication. Plusieurs prĂȘtres se montrent hostiles aux sermons lumineux » qui pourtant connaissent un succĂšs apprĂ©ciable. MĂȘme si, en dĂ©finitive, l'autorisation de procĂ©der provient de l'Ă©vĂȘque, le directeur de la Bonne Presse, Paul FĂ©ron-Vrau et Michel Coissac se rendront deux fois au Vatican presenter leur spectacle de vues fixes et animĂ©es afin d'obtenir l'approbation officielle du pape pour leurs activitĂ©s. Pourtant, le 10 dĂ©cembre 1912, la SacrĂ©e CongrĂ©gation Consistoriale interdira les projections fixes et animĂ©es dans les Ă©glises, lieux consacrĂ©s qui ne doivent pas ĂȘtre dĂ©tournĂ©s de leurs fins de priĂšre, mĂȘme par des vues pieuses et honnĂȘtes, ce qui entraĂźnera, on s'en doute, un net recul des activitĂ©s de la Bonne Presse8. Leur cĂ©lĂšbre congrĂšs annuel est ramenĂ© Ă  une seule journĂ©e en 1913 et n'a pas lieu en 1914. Il faut dire que la guerre est lĂ . Les prĂȘtres et les laĂŻcs catholiques vont continuer d'utiliser la projection, mais dans leurs activitĂ©s pastorales qui se dĂ©roulent Ă  l’extĂ©rieur des Ă©glises. 8Un des premiers films tournĂ©s par la Bonne Presse date de 1897. Il s'agit de La Passion9. On y combine prises de vues fixes et animĂ©es pour ce qui sera le premier carĂȘme lumineux ». Au fil des ans, les Ɠuvres de ce genre s'enlignent, toujours sous le mode mixte. Le Fascinateur d'octobre 1903 mentionne notamment Jeanne d'Arc et Le PĂšlerinage Ă  Lourdes, tous deux rĂ©alisĂ©s par l'abbĂ© Jacques de FauchĂ©cour. Dans le cas de Jeanne d'Arc, on utilise les projections mixtes pour qu'elles alternent selon les besoins du rĂ©cit. Ces Ɠuvres trĂšs statiques, trĂšs illustratives et trĂšs didactiques, sont projetĂ©es sur un fond sonore et commentĂ©es par un prĂ©dicateur qu'on pourrait appeler bonimenteur en d'autres occasions. Durant ces sĂ©ances-sermons, le prĂ©dicateur passe son message durant les vues fixes de nature sĂ©rieuses et pĂ©dagogiques, tandis que la projection animĂ©e sert plutĂŽt Ă  dĂ©tendre le contexte et Ă  rendre plus vivant le message. Il faut rappeler que les vues fixes coĂ»tant moins cher que les vues animĂ©es, mĂȘme en couleurs, la Bonne Presse est tentĂ©e d'avoir surtout recours aux premiĂšres. Si Jeanne d'Arc est une Ɠuvre mise en scĂšne, Le PĂšlerinage alterne un vĂ©ritable pĂšlerinage filmĂ© Ă  Lourdes avec l'Ă©vocation de la vie de Bernadette Soubirous. 9Outre son action sur le terrain de la production d'Ɠuvres religieuses, Le Fascinateur va combattre pour l'avĂšnement d'un cinĂ©ma moral ou pour rendre moral, selon les critĂšres catholiques, les oeuvres cinĂ©matographiques et les lieux oĂč on les prĂ©sente. La revue sera d'ailleurs rejointe sur ce terrain par le CinĂ©-Phono-Gazette, un pĂ©riodique dirigĂ© par Edmond BenoĂźt-LĂ©vy10, pourtant ci-devant membre de la Ligue de l'enseignement. Un de leurs ennemis communs sera le cinĂ©ma ambulant qui va de village en village et dĂ©tourne les gens, qui sont souvent aussi des fidĂšles, de l'enseignement religieux et de la prĂ©dication en chaire. Et un de leur terrain d'entente sera la nĂ©cessitĂ© d'une censure qui garantisse la qualitĂ© et la teneur morale des Ɠuvres. Il faut rappeler que la Bonne Presse et la Ligue se rejoignent sur le terrain du cinĂ©ma, celui de la projection de vues fixes dĂ©clinant rapidement et devenant presque dĂ©passĂ© en 1910. Le public ne suit plus ces diaporamas bonimentĂ©s, mĂȘme si on essaie de les rendre attirants par le recours Ă  des vues en couleurs, alors que les vues animĂ©es sont Ă  sa portĂ©e en salles, sur les terrains de foire et mĂȘme dans les lieux de culte. Curieusement la Bonne Presse croit toujours aux vertus des projections mixtes car elle sort en 1913 un projecteur, le Solus, qui permet l'arrĂȘt sur image, autrement dit la transformation sans danger de l'image 35 mm animĂ©e en vue fixe. En outre, les deux organismes essaieront de trouver un terrain d'entente dans la dĂ©fense du cinĂ©ma Ă©ducateur. C'est pourquoi la Ligue consacrera un rĂ©el effort Ă  percer les milieux de l'enseignement en fournissant aux instituteurs une variĂ©tĂ© de films convenant Ă  leur besoin, en les complĂ©tant de feuillets explicatifs qui alimentent l'intervention du professeur ou de tout autre confĂ©rencier et en leur suggĂ©rant des films rĂ©crĂ©atifs d'une moralitĂ© parfaite. 10C'est en 1909 que la question de la production cinĂ©matographique commence Ă  se poser vĂ©ritablement. On demande des films expressĂ©ment religieux. Le Fascinateur annonce l'Ă©tablissement d'un atelier pour la prise de vues. En septembre, Coissac se prononce pour la crĂ©ation de films vraiment moralisateurs et franchement et historiquement religieux11. La Bonne Presse veut se doter d'un vaste rĂ©pertoire qui imposerait sa loi aux autres productions en les contraignant Ă  la vĂ©ritĂ© morale, historique et religieuse. Les premiers sujets portent sur la Passion de Notre Seigneur, les apparitions de Lourdes et la Passion avec Marie de l'Isle. Comme l'Ă©crit Coissac en septembre 1910 Il y a urgence d'Ă©clairer le goĂ»t du public, Ă  l'assainir, Ă  limiter le choix des sujets. Le cinĂ©matographe doit devenir un instrument d'Ă©ducation et d'instruction, une rĂ©crĂ©ation Ă  la vue de l'Art, de la joie et de l'honnĂȘtetĂ©. 11MalgrĂ© ces belles intentions, le film catholique ne rĂ©ussit pas Ă  sortir du cercle des mouvements diocĂ©sains et des projectionnistes catholiques. Il ne s'impose pas lĂ  oĂč le vaste public va Ă  la rencontre du cinĂ©ma. Dans Le Fascinateur mars 1912, Coissac va mĂȘme en appeler Ă  la moralisation du cinĂ©ma et plaide pour un plus grand engagement des catholiques Ă  l'Ă©gard du cinĂ©ma, dans toute sa diversitĂ©. Sinon ce seront les laĂŻcs qui vont mener une offensive en faveur du cinĂ©ma Ă©ducateur. Plusieurs annĂ©es plus tard, en 1927, le directeur de la Bonne Presse s'exclamera dans La Croix 25-12 Comme le bon journal, le bon cinĂ©ma va servir Ă  sauver les Ăąmes. Il s'agit du rĂšgne de Dieu, il s'agit de la lutte contre le mauvais cinĂ©ma. » Et de plaider pour la crĂ©ation de lieux de projection catholiques qui seront la distraction saine, l'Ă©ducateur complet et souvent le moyen efficace du salut de l'Ăąme. 12La Bonne Presse se lance dĂšs 1920 dans la location de beaux et bons films » —en fait des films qui datent un peu et dont elle obtient les droits pour presque rien — dont te Fascinateur assure la promotion Une histoire de brigands, E. B. Donatien, 1920. Elle Ă©dite aussi un catalogue. Les mĂ©lodrames patriotiques MĂšres françaises – Jacques Mercanton, 1915, Pour la France les films qui glorifient la tradition, la sociĂ©tĂ© d'antan et proposent une image nĂ©gative du modernisme Mon village — Pinchon, 1920, Un drame au pays breton, Ramuntcho — Jacques de Baroncelli, 1919, les films historiques italiens et les pĂ©plums Spartacus — Ernest Pasquali, 1911, Le Sac de Rome jouissent particuliĂšrement de ses faveurs. Leur grand succĂšs demeure La Passion de Notre Seigneur JĂ©sus Christ qu'on distribue en couleurs et en noir et blanc. Fait particulier, ces films ne sont pas seulement visionnĂ©s par le service de distribution de la Bonne Presse mais aussi censurĂ©s et remaniĂ©s par plusieurs ecclĂ©siastiques qualifiĂ©s qui veillent attentivement Ă  la qualitĂ© morale du film » Le Fascinateur n° 157, juin 1921 Ă©pargnant Ă  leur clientĂšle des surprises dĂ©sagrĂ©ables et la dĂ©pense d'une projection prĂ©paratoire. En quoi consiste cette censure ? L'abbĂ© HonorĂ©12 le prĂ©cise dans son rapport de 1921 Travail laborieux, dĂ©licat et souvent trĂšs compliquĂ©. Ce sont des titres, des sous-titres Ă  supprimer, d'autres Ă  modifier, des images et mĂȘme des scĂšnes entiĂšres Ă  couper, tout en ayant soin de ne rien enlever Ă  l'intĂ©rĂȘt du film ». Le Fascinateur n° 161, 1er octobre 1921. MĂȘme au dĂ©but des annĂ©es trente, lorsque la Bonne Presse entreprend couci-couça le virage du sonore, ce seront des films analogues qu'elle inclura dans son catalogue Les Croix de bois, Raymond Bernard ; Golgotha, Julien Duvivier ; L'Appel du silence, LĂ©on Poirier. 13La gĂ©nĂ©ralisation du cinĂ©ma sonore Ă  partir de 1930 va bouleverser de fond en comble les plans et les pratiques catholiques. L'effort important qui avait Ă©tĂ© consenti au cours des trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes ne peut ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© pour remplacer ces appareils muets par des appareils sonores beaucoup plus dispendieux. Ayant mal Ă©valuĂ© dĂšs 1928 l'impact du sonore, la Bonne Presse continue quelques annĂ©es plus tard Ă  croire en l'avenir du muet en mettant au point des dispositifs de sonorisation musicale avec disques qu'elle nomme Synchrovox, Polyvox ou Patro-orchestre. Le succĂšs n'est pas au rendez-vous. Elle propose en 1931 un projecteur sonore mais n'en vend qu'un seul sur une annĂ©e. En dĂ©sespoir de cause, elle va se replier sur le PathĂ©-Baby, un format 9,5 mm mais cependant toujours muet ou sur le PathĂ© rural, de format 17,5 mm. Ce ne sera qu'en 1934 que la Bonne Presse va proposer aux propriĂ©taires de projecteurs muets des lecteurs de son sĂ©parĂ©s adaptables Ă  leur appareil Ă  un prix abordable. Mais plusieurs utilisateurs, qui choisissent les projections non pour distraire mais pour instruire, vont prĂ©fĂ©rer abandonner les projections animĂ©es pour retourner aux confĂ©rences illustrĂ©es qui leur permettent de mieux toucher les cƓurs et les esprits de leurs ouailles. À un point tel qu'en 1938, on lance un nouveau catĂ©chisme en images. C'est Ă  cette date que Le Fascinateur va cesser de paraĂźtre. 14Mais revenons un peu arriĂšre. Le Fascinateur ne fait pas qu'appuyer la diffusion de beaux et bons films par la Bonne Presse mais exige la prĂ©sentation de telle sorte de films sur les Boulevards. Mieux il appelle Ă  la mise sur pied d'une production catholique pour diffusion dans les salles rĂ©guliĂšres. C'est ainsi que la Bonne Presse va coproduire les films de la sociĂ©tĂ© Isis Film jusqu'en 1929. Certains d'entre eux sont tournĂ©s en collaboration avec l'abbĂ© Edmond Loutil mieux connu sous le nom de Pierre l'Ermite. Cet homme, Ă©galement Ă©crivain et journaliste Ă  La Croix, collabore avec la Bonne Presse, Ă©crit dans Le Fascinateur et influe sur sa pratique cinĂ©matographique. Convaincu de l'importance du cinĂ©ma pour la propagande des idĂ©es auxquelles les catholiques croient, il se fait l'apĂŽtre du bon cinĂ©ma apte Ă  glorifier la famille, la patrie, Ă  promouvoir la pitiĂ© pour ceux qui souffrent, Ă  susciter le goĂ»t des voyages et l'amour du mĂ©tier. Son roman Ă  succĂšs 200 000 exemplaires Comment j'ai tuĂ© mon enfant 1921, dont le sujet est la vocation sacerdotale d'un jeune homme contrariĂ©e par sa mĂšre, va ĂȘtre adaptĂ© en 1925 par Alexandre Ryder et produit par les Établissements Louis Aubert. La mĂȘme annĂ©e Ryder tourne un autre film d'aprĂšs un scĂ©nario original de Pierre l'Ermite, La Femme aux yeux fermĂ©s produit par Isis Films Ă  qui l'on doit notamment deux films de Duvivier La TragĂ©die de Lourdes 1923, L'AbbĂ© Constantin 1925 dont Le Fascinateur dira d'ailleurs le plus grand bien. Isis enchaĂźne avec La Rose effeuillĂ©e ou Un miracle de l'Enfant JĂ©sus Georges Pallu et l'abbĂ© HonorĂ©, 1926 qui Ă©voque Ă  l'intĂ©rieur d'un mĂ©lodrame profane l'histoire de ThĂ©rĂšse de Lisieux qui est canonisĂ©e un mois avant la sortie du film. Quelques mois plus tard sort l'adaptation d'un autre roman de Pierre l'Ermite, La Grande Amie Maurice de Rieux, qui chante la terre de France et l'attachement aux valeurs du passĂ©13. Isis Films n'arrĂȘte pas en si bon chemin en produisant un autre film sur le mouvement scout dont la Bonne Presse s'assure l'exclusivitĂ© de distribution Coeurs hĂ©roĂŻques Georges Pallu, 1927. La sociĂ©tĂ© n'a pas l'exclusivitĂ© du film moral et Ă©difiant, sinon d'apostolat comme le montre le cas de la Nicae Films qui produit Le Martyre de Sainte Maxence E. B. Donatien, 1927. Dans la mĂȘme veine, la Bonne Presse va distribuer deux films italiens, Fabiola ou L'Église des catacombes et Frate Sole ou La Vie de Saint François d'Assise. Au cours des annĂ©es 1928-1929, la Bonne Presse va distribuer deux films de Jean Choux produits par Isis, La Guerre sans armes et Chacun porte sa croix 1929, auquel collabore l'abbĂ© HonorĂ© de mĂȘme qu'elle produit La Vie merveilleuse de Bernadette G. Pallu, 1929. Inutile de dire que le cinĂ©ma sonore va mettre un terme aux ambitions de la Bonne Presse de participer Ă  du cinĂ©ma religieux grand public dans la mesure oĂč cette nouvelle technologie va bouleverser toute la structure de production et de distribution et amener l'Ă©limination des joueurs qui n'ont pas les reins assez solides pour franchir le cap. L'Ă©diteur devra se rabattre sur le film d'apostolat dont la charge est confiĂ©e au pĂšre Danion. Il s'agit d'Ɠuvres pour des publics que l'on rejoint sur les lieux oĂč les catholiques sont actifs. Leur premiĂšre production, La Meilleure Part 1928 est elle aussi inspirĂ©e par Pierre l'Ermite. Mais cette production demeure confinĂ©e Ă  quelques lieux de diffusion. 15Voyons maintenant quels liens cette histoire entretient avec le QuĂ©bec. L'Ă©glise catholique de la province entretient de nombreuses relations avec la France. Sur le terrain de la Bonne Presse par exemple, non seulement ses ouvrages se retrouvent-ils dans de nombreuses bibliothĂšques publiques et des maisons d'enseignement, mais encore Ă©dite-t-elle quelques titres canadiens comme Avant les neiges 1926 ou Jeanne Mance au Canada 1937. Il arrive mĂȘme que Pierre l'Ermite, qui est leur auteur Ă  succĂšs et qu'on a proposĂ© dans les collĂšges jusqu'aux annĂ©es cinquante, soit rééditĂ© au QuĂ©bec comme c'est le cas pour Le Grand Ami 1904. Son travail connaĂźt un rĂ©el Ă©cho au QuĂ©bec. On trouve ses livres dans la plupart des bibliothĂšques et, sur le terrain du cinĂ©ma, on Ă©ditera mĂȘme au QuĂ©bec un de ses textes oĂč il prĂŽne la nĂ©cessitĂ© d'une production catholique. Il y Ă©crit notamment Il serait dommage que, par une nouvelle cĂ©citĂ©, les Catholiques laissent Ă  l'Esprit du Mal une arme plus rapide, plus Ă©mouvante, plus toute-puissante encore que le journal sur l'Âme des foules14. » Sur le terrain des projections lumineuses, plusieurs maisons d'enseignement s'Ă©quipent soit d'une lanterne magique Bonne Presse, soit de sĂ©ries de plaques instructives ou Ă©difiantes. La prĂ©sence de telles piĂšces dans les collections de la CinĂ©mathĂšque quĂ©bĂ©coise, recueillies dans les annĂ©es soixante-dix auprĂšs de diverses institutions religieuses, constituent une preuve matĂ©rielle de leur diffusion au pays. Mais une enquĂȘte particuliĂšre sur le sujet prĂ©ciserait la situation. 16Mais c'est surtout au niveau des idĂ©es et des problĂ©matiques que les liens se remarquent. La rivalitĂ© de la Bonne Presse avec les francs-maçons va se faire entendre jusqu'au QuĂ©bec. Le Fascinateur n° 18, juin 1904 va publier un article sur La Ligue de Jean MacĂ© au Canada ». On y dĂ©nonce celui-ci comme agent franc-maçon dont le terrain de lutte est le monde de l'enseignement15. La Ligue fait du piĂštre Ă©tat de l'enseignement dans la province son cheval de bataille pour prendre pied au QuĂ©bec. Comme l'Ă©crit Coissac dans son commentaire, le vrai but, non avouĂ© [de la Ligue], c'Ă©tait de dĂ©gager l'Ă©ducation de l'influence de l'Église et de dĂ©christianiser l'Ă©cole » 174. Tout se cristallise Ă  partir de 1902, annĂ©e oĂč fut fondĂ©e au QuĂ©bec la Ligue d'Enseignement. Ironie de l'histoire, son assemblĂ©e de fondation avait eu lieu Ă  la salle PoirĂ©, cette mĂȘme salle qu'Ernest Ouimet acquerra quatre ans plus tard pour Ă©tablir son Ouimetoscope. La Ligue est composĂ©e de notables sĂ©nateurs, ministres, dĂ©putĂ©s, Ă©chevins, membres des professions libĂ©rales, en tout quelque 200 personnes. Elle soumet bientĂŽt au Conseil exĂ©cutif, Ă  la lĂ©gislature, au ComitĂ© catholique du Conseil de l'instruction publique et aux amis de l'Ă©ducation un mĂ©moire intitulĂ© La Question de l'instruction publique dans la province de QuĂ©bec. Son but dĂ©fendre l'instruction publique comme charge d'État, comme devoir des pouvoirs publics16. Les catholiques quĂ©bĂ©cois vont rĂ©agir Ă  cette invasion » par de nombreuses publications. Par exemple Henri Bernard publie Histoire d'une conspiration maçonnique Ă  MontrĂ©al 1904. Cet opus veut dĂ©masquer la prĂ©sumĂ©e imposture maçonnique et justifier la suspension des activitĂ©s de la Ligue en juillet 1903. Celle-ci tentera de rĂ©agir en se dĂ©marquant de la France et en dĂ©nonçant en 1904, dans le journal Le Canada — que l'Église considĂšre comme infiltrĂ©e par les francs-maçons —, la reconnaissance que lui aurait accordĂ©e la Ligue de l'enseignement française. Mais cela ne calme pas la vindicte du clergĂ©. En 1910, le pĂšre Fr. Th. CouĂ«t O. P. y va d'un La Franc-maçonnerie et la conscience catholique17 qui fait l'apologie de la dĂ©nonciation juridique des francs-maçons devoir de bon canadien et de bon chrĂ©tien ». Autre rĂ©action Ă  la prĂ©sumĂ©e propagande maçonnique, quelques annĂ©es plus tard, l'abbĂ© Antonio Huot publie, dans la foulĂ©e du procĂšs Lemieux, Le Poison maçonnique18 oĂč il dĂ©taille l'action de ce groupe au QuĂ©bec. Pour les catholiques, l'Ă©cole est un champ oĂč l'Église et la Franc-Maçonnerie se livrent une rude bataille, pour ne pas dire un mortel duel. Aux yeux de l'Ă©piscopat français, les Francs-maçons se sont emparĂ©s de l'Ă©cole et de l'enseignement populaire tandis que pour les catholiques du QuĂ©bec, leurs Ă©mules quĂ©bĂ©cois de la loge Émancipation voudraient faire de mĂȘme en se portant Ă  la dĂ©fense de l'instruction publique dans la province. L'Ă©glise rĂ©agit par tous les moyens dont elle dispose. On observe donc une proche parentĂ© entre les combats menĂ©s en France et ceux menĂ©s au QuĂ©bec, et les actions qui en dĂ©coulent. 17Mais on peut penser qu'il ne s'agit que d'une influence indirecte de la presse catholique française sur les acteurs sociaux quĂ©bĂ©cois. On connaĂźt cependant quelques cas d'influence directe, dont celui des frĂšres Paradis. L'aĂźnĂ©, Benjamin 1868-1924, Ă©tait prĂȘtre et travaillait avec son cadet Jean-Baptiste. Au cours d'un voyage d'Ă©tudes en Europe de 1897 Ă  1900, Benjamin dĂ©couvre l'importance de la lanterne magique comme instrument d'Ă©vangĂ©lisation et de ministĂšre. Il achĂšte un appareil et des plaques auprĂšs de la Maison de la Bonne Presse. AprĂšs quelques annĂ©es, les deux frĂšres fondent en 1907 la compagnie Le Bon CinĂ©ma National19 » pour mener Ă  bien leur projet d'Ă©ducation et de propagation religieuses et se procurent des films pour atteindre leur but, souvent ceux que diffuse la Bonne Presse. Jean-Baptiste devient celui qui effectue les tournĂ©es et qui supervise la diffusion dans les paroisses, Benjamin celui qui acquiert les films et en garantit la conformitĂ© morale, n'hĂ©sitant pas s'il le faut Ă  les couper ou Ă  Ă©crire un commentaire qui rectifie les erreurs d'interprĂ©tation historique ou religieuse. À l'instar de son institution mentor, le Bon CinĂ©ma va aussi vendre des appareils de projection Ă  sa clientĂšle, dont les modĂšles La Scolaire » en version portatif ou stationnaire, La CollĂ©gienne » et L'Universel ». En 1927, au moment mĂȘme oĂč la Bonne Presse et Le Fascinateur lancent leur campagne du Bon CinĂ©ma visant Ă  doter les salles paroissiales de matĂ©riel de cinĂ©ma il y aura un bond de 250 salles entre 1927 et 1928 pour faire passer le parc de salles catholiques Ă  environ 800, Jean-Baptiste Paradis lance comme en Ă©cho une revue qu'il nomme te Bon CinĂ©ma, pour appuyer son activitĂ© de diffusion cinĂ©matographique et servir d'organe de rĂ©fĂ©rence pour les autres projectionnistes que sa compagnie engage. Cette revue n'hĂ©sitera pas Ă  reprendre l'argumentation des revues catholiques françaises et Ă  citer Coissac et l'autre revue qu'il a fondĂ©e, te CinĂ©opse avec Ă©videmment les vedettes du Fascinateur, Pierre l'Ermite et l'abbĂ© HonorĂ©, et des textes tout simplement repris du modĂšle. Son contenu, sinon sa facture, est d'ailleurs trĂšs similaire au Fascinateur. Seule diffĂ©rence Ă©vidente on affiche plus explicitement la volontĂ© de remplacer les films amĂ©ricano-juifs » dont sont inondĂ©es les populations catholiques et françaises du QuĂ©bec et qui menacent les mƓurs, la foi et le patriotisme de la race canadienne-française » et sapent sa fibre morale. Le Bon CinĂ©ma parle de rĂ©gĂ©nĂ©ration, Le Fascinateur de rĂ©novation la diffĂ©rence est petite. La revue s'Ă©teint fin 1930, probablement pour des raisons analogues Ă  celles qui vont causer la fin du Fascinateur la gĂ©nĂ©ralisation du cinĂ©ma sonore qui oblige toutes les compagnies et les Ɠuvres de cinĂ©ma Ă  revoir leurs pratiques et leurs stratĂ©gies. 18Au QuĂ©bec, mĂȘme si l'opposition Ă  l'action laĂŻque n'atteint pas des sommets comme en France, on ne s'inspire pas moins des moyens d'action des catholiques pour guider ses propres actions. Ce ne sont pas tellement les efforts de la Bonne Presse pour mettre sur pied des bons cinĂ©mas » et doter les paroisses et les institutions catholiques d'appareils de projection La Croix parle en 1928 d'armer les curĂ©s d'un appareil de cinĂ©ma qui sont mis de l'avant, mais les Ɠuvres elles-mĂȘmes, c'est-Ă -dire les films religieux, moraux, Ă©ducateurs et instructions qui leur permettent d'atteindre les objectifs apostoliques qu'ils poursuivent, et la teneur de celles qu'on prĂ©sente dans les salles. Cela explique un certain nombre d'interventions sur la censure des films qu'Yves Lever Ă©voque trĂšs bien20. Mentionnons par exemple ce texte que LĂ©o Pelland fait paraĂźtre Ă  l'ƒuvre des tracts en 1926 Comment lutter contre le mauvais cinĂ©ma. Ce pamphlet vise surtout le cinĂ©ma amĂ©ricain, appuie les actes du Bureau de la censure et demande leur renforcement. Une des caractĂ©ristiques communes du discours du Fascinateur et des productions de la Bonne Presse est la rĂ©sistance Ă  un ordre laĂŻc du monde, identifiĂ© au modernisme, au rationalisme et Ă  l'urbanisation, et le regret d'un monde passĂ©, agriculturiste. Ils prĂŽnent une rĂ©novation morale et religieuse et une rechristianisation de l'intĂ©rieur. Pas Ă©tonnant que leurs textes, leurs productions audiovisuelles et les films dont ils prennent la dĂ©fense trouvent Ă©cho au QuĂ©bec. 19J'ai mentionnĂ© tout Ă  l'heure quelques titres diffusĂ©s par la Bonne Presse. Or Ă  mon sens il s'agit plus que d'une coĂŻncidence de noter que plusieurs films distribuĂ©s au QuĂ©bec Ă  partir de 1922 par Europa Film, une compagnie mise sur pied par Charles LalumiĂšre, l'ancien gĂ©rant de PathĂ© au QuĂ©bec, puisa partir de 1924 par Film de Luxe, créé par LalumiĂšre et TĂ©lĂ©sphore Latourelle, sont justement des films dĂ©fendus, sinon diffusĂ©s par la Bonne Presse, dus au travail des Alexandre Ryder, Jacques de Baroncelli, Julien Duvivier, E. B. Donatien, Jean Choux et Henri Fescourt. Comme ces compagnies doivent lutter ici contre la puissance des AmĂ©ricains et surmonter de nombreux obstacles, leur choix de films dĂ©montre qu'au moins elles savent s'allier les suffrages catholiques dans leur volontĂ© de diffuser du film français au QuĂ©bec. C'est d'ailleurs Duvivier qui dĂ©clarera en 1924, Ă  l'occasion de la prĂ©sentation de La TragĂ©die de Lourdes au QuĂ©bec il est de nombreux théùtres libres au Canada. C'est lĂ  qu'il faut faire venir le public en l'attirant par la mĂȘme publicitĂ© que les AmĂ©ricains font pour leurs films. Il apprĂ©ciera, goĂ»tera des Ɠuvres moins mouvementĂ©es peut-ĂȘtre mais oĂč Ă©clatent les vertus communes Ă  la race catholique et Ă  la race française la logique, la douceur, la sincĂ©ritĂ©, la courtoisie, fleurons d'une civilisation raffinĂ©e, qualitĂ©s qui ne furent pas jetĂ©es dans le brasier lorsqu'en 1760 le chevalier de LĂ©vis brĂ»la ses drapeaux plutĂŽt que de les rendre Ă  l'ennemi. » Mais seule une Ă©tude plus systĂ©matique du catalogue de la Bonne Presse, des films dĂ©fendus par Le Fascinateur, de ceux qui sont diffusĂ©s au QuĂ©bec et de l'accueil qu'ils y reçoivent permettrait de mieux Ă©tablir les liens entre tous ces Ă©lĂ©ments. 20Au QuĂ©bec comme en France, on assiste Ă  l'Ă©poque Ă  une croisade des catholiques vers le cinĂ©ma et Ă  une croisade pour le cinĂ©ma catholique. J'ai racontĂ© une partie de l'aventure de la production catholique au QuĂ©bec21. Rappelons pour mĂ©moire que celle-ci est inspirĂ©e par un Français, l'abbĂ© Aloysius Vachet. Vicaire de banlieue rouge Ă  la fin des annĂ©es vingt et voulant oeuvrer auprĂšs de la jeunesse, il s'implique dans le mouvement scout pour lequel il rĂ©alise en 1929 un premier film en 16 mm, Nino, scout de France. Le film tourne dans les circuits de patronage catholique. Puis vient une autre rĂ©alisation, en 35 mm celle-lĂ , Pour la moisson, un film pour le recrutement sacerdotal. C'est en 1932 qu'il crĂ©e une sociĂ©tĂ© d'Ă©ducation populaire par le cinĂ©ma, les Éditions catholiques de cinĂ©ma Ă©ducatif. GrĂące Ă  l'apport de RenĂ© Delacroix, rĂ©alisateur et technicien compĂ©tent, celle-ci se double d'une sociĂ©tĂ© commerciale, FiatFilm, qui construira en 1936 des studios de cinĂ©ma en banlieue parisienne. FiatFilm va rĂ©ussir lĂ  oĂč la Bonne Presse Ă©choue, Ă  savoir rĂ©ussir Ă  produire un nombre important de films catholiques et Ă  mettre sur pied un rĂ©seau pour les diffuser, le circuit des salles catholiques reliĂ© Ă  l'Action catholique. C'est en 1939 que FiatFilm fait le grand saut vers la fiction en produisant Notre-Dame de la Mouise dans lequel Joseph-Alexande DeSĂšve investit. Cette relation d'affaire, sinon cette amitiĂ©, fera en sorte que lorsqu'il s'agira de mettre sur pied aprĂšs guerre un studio de production Ă  MontrĂ©al, Renaissance Films Distribution, ce sera Ă  Vachet que s'adressera DeSĂšve. Celui-ci viendra Ă  MontrĂ©al avec quelques personnes de son entreprise. Je ne veux pas m'Ă©tendre plus avant sur cette histoire mais souligner la similaritĂ© entre les arguments avancĂ©s par la Bonne Presse et Le Fascinateur dans les annĂ©es vingt, ceux que retient Vachet dans les annĂ©es trente et ceux que l'on Ă©nonce au QuĂ©bec dans les annĂ©es quarante. L'enjeu est toujours le mĂȘme assurer aux catholiques une influence dans le domaine de la production cinĂ©matographique, organiser une action catholique de diffusion de films sinon religieux, du moins Ă  mentalitĂ© chrĂ©tienne, et veiller Ă  ce que s'impose une morale catholique par l'intermĂ©diaire de la censure. Renaissance va d'ailleurs utiliser dans sa publicitĂ© des citations du mentor cinĂ©matographique de la Bonne Presse, Pierre L'Ermite22, Ă  l'effet qu'Ă  l'heure oĂč, dans le populeux quartier, se ferme l'Ă©glise, Ă  cette heure-lĂ  et presque dans chaque rue, s'allument les feux Ă©tincelants et multicolores annonçant l'entrĂ©e en scĂšne de la premiĂšre puissance du monde, le cinĂ©ma. » 21Ce texte nous aura permis d'examiner quelques pistes de l'influence et du rayonnement de la Bonne Presse et du Fascinateur au QuĂ©bec. L'histoire du cinĂ©ma catholique au QuĂ©bec, mĂȘme si elle connaĂźt sa propre dynamique et se comprend parfois dans un contexte nord-amĂ©ricain, ne peut ĂȘtre Ă©tudiĂ©e sans prendre en compte la rĂ©alitĂ© française et les tensions qui traversent le cinĂ©ma en France. Au QuĂ©bec comme en France, la dynamique de l'institution cinĂ©matographique s'inscrit dans un contexte idĂ©ologique et politique qu'il faut bien comprendre. L'histoire du cinĂ©ma est aussi une histoire sociale. Divers acteurs sociaux ont voulu intervenir dans le champ cinĂ©matographique, l'instrumentaliser, le museler, l'enrĂŽler. Au nombre de ceux-ci, se retrouvent l'Ă©glise catholique et les diffĂ©rents corps qui en dĂ©rivent. On voit donc que sans ĂȘtre un champ d'investigation premier, faire l'histoire de l'Église ne peut se penser sans, quelque part, faire l'histoire de ses rapports aux mĂ©dias et des reprĂ©sentations qu'ils vĂ©hiculent. Haut de page Notes 1 Cette recherche bĂ©nĂ©ficie du soutien du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Je remercie Jacynthe Plamondon-Émond et Louis Pelletier qui m'ont aidĂ© dans la prĂ©sente entreprise. 2 Pierre Tournemire, La Ligue de l'enseignement, Éditions Milan, 2000. 3 Le lecteur peut consulter Ă  ce sujet le texte de Jacques et Marie AndrĂ©, Le rĂŽle des projections lumineuses dans la pastorale catholique française 1895-1914 », in Roland Cosandey, AndrĂ© Gaudreault, Tom Gunning Ă©d.. Une invention du diable ? CinĂ©ma des premiers temps et religion, Sainte-Foy, Les presses de l'universitĂ©, Laval / Lausanne, Éditions Payot, 1992. 4 Pour une description dĂ©taillĂ©e de cette activitĂ©, consulter le mĂ©moire de DEA de GĂ©rard Tilloy, Les Projections lumineuses de la Bonne Presse et la croisade du cinĂ©ma 1903-1938 », UniversitĂ© de Paris III, 1993. On trouvera une Ă©tude plus spĂ©cifique de l'entreprise de presse dans Jacqueline et Philippe Godfrin, La Maison de la Bonne Presse, Paris, Presses universitaires de France, 1965. Sur un terrain plus apologĂ©tique, on peut Ă©galement lire R. Koken, Vincent de Paul Bailly. Un pionnier de la presse catholique, Paris, Bonne Presse, 1957. 5 De nos jours, le groupe Bayard Presse poursuit l'Ɠuvre entreprise au siĂšcle dernier. 6 Voir Hilcem, Les projections photographiques animĂ©es », Le Fascinateur, 14 janvier 1904, pp. 16-19. 7 La ThĂ©orie et la pratique des projections, Paris, La Bonne Presse, 1906; Manuel pratique du confĂ©rencier projectionniste, Paris, La Bonne Presse, 1909; Le CinĂ©matographe et l'enseignement, Paris, Éditions du CinĂ©opse, 1926. 8 La projection dans les Ă©glises », Le Fascinateur, 122 fĂ©vrier 1913, pp. 35-36. 9 RĂ©alisĂ© par un ecclĂ©siastique, filmĂ© par LĂ©ar avec la participation de Coissac qui qualifiera ce film, dans son Histoire du cinĂ©matographe CinĂ©opse, 1925, de spectacle inĂ©narrable. 10 Pour en connaĂźtre plus sur cet important personnage, voir le travail de Jean-Jacques Meusy, Qui Ă©tait Edmond Benoit-LĂ©vy », dans Les Vingt PremiĂšres AnnĂ©es du cinĂ©ma français, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 1995, pp. 115-143. 11 Le CinĂ©matographe dans les Ɠuvres », Le Fascinateur, n°81 septembre 1909, pp. 259-261. 12 HonorĂ© le Sablais, directeur du Service des projections de La Bonne Presse, est Ă©galement le rĂ©alisateur durant les annĂ©es 1910-1920 de plusieurs cours sujets religieux qui sont quasiment des tableaux vivants filmĂ©s. Ses derniĂšres rĂ©alisations en 1928 sont une sĂ©rie de tableaux bibliques et Ă©vangĂ©liques d'environ 200 m chacun Le Sacrifice d'Abraham, La Samaritaine, La Parabole du bon samaritain. Les Disciples d'Emmaus destinĂ©s Ă  l'enseignement de la doctrine chrĂ©tienne. 13 À noter que cette mĂȘme annĂ©e, la Bonne Presse produira un film consacrĂ© Ă  l'auteur, Pierre l'Ermite Ă  Noirmoutiers. 14 Semaine religieuse de MontrĂ©al, 16 juillet 1927, p. 480, citĂ© par Y. Lever, L'Église et le cinĂ©ma au QuĂ©bec, UniversitĂ© de MontrĂ©al, FacultĂ© de thĂ©ologie, mĂ©moire de maĂźtrise, 1977, p. 21. 15 On notera que des dizaines d'Ă©coles françaises portent aujourd'hui le nom de Jean MacĂ©. 16 Voir Ruby Heap, La Ligue de l'enseignement 1902-1904 hĂ©ritage du passĂ© et nouveaux dĂ©fis », Revue d'histoire de l'AmĂ©rique française, dĂ©cembre 1982, pp. 339-373. 17 QuĂ©bec, Action sociale, 32 p. 18 QuĂ©bec, Éditions de l'Action Sociale Catholique, 1912. 19 À ne pas confondre avec la compagnie homonyme fondĂ©e en 1922 par le distributeur Arthur Larente, le cinĂ©aste Joseph-Arthur Homier et quelques associĂ©s. 20 Y. Lever, op. cit. 21 Dans Le succĂšs est au film parlant français Histoire du cinĂ©ma au QuĂ©bec I, MontrĂ©al, CinĂ©mathĂšque quĂ©bĂ©coise, 1979. 22 Devenu entretemps Mgr. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Pierre VĂ©ronneau, Le Fascinateur et la Bonne Presse des mĂ©dias catholiques pour publics francophones », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 40 2003, mis en ligne le 30 juillet 2008, consultĂ© le 20 aoĂ»t 2022. URL ; DOI Haut de page Auteur Pierre VĂ©ronneau Pierre VĂ©ronneau est conservateur du cinĂ©ma quĂ©bĂ©cois et canadien et des collections affĂ©rentes au film Ă  la CinĂ©mathĂšque quĂ©bĂ©coise. En trente ans, il y a occupĂ© diffĂ©rents postes liĂ©s Ă  la recherche historique, aux publications, Ă  la programmation et Ă  la conservation. DĂ©tenteur d'un doctorat en histoire, il poursuit des travaux de recherches sur l'histoire du cinĂ©ma au QuĂ©bec et au Canada. Outre des expositions rĂ©elles et virtuelles sur le cinĂ©ma, on lui doit de nombreuses publications et plusieurs communications. Son plus rĂ©cent ouvrage s'intitule David Cronenberg la beautĂ© du chaos Corlet-Cerf, 2003.Haut de page Droits d'auteur © AFRHCHaut de page
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Denombreux Services diocĂ©sains de catĂ©chĂšse et de catĂ©chumĂ©nat, forts de l’expĂ©rience du premier confirment, ont rĂ©agi trĂšs rapidement ; d’une part en invitant par des moyens simples Ă  rester en lien avec les catĂ©chisĂ©s et les catĂ©chumĂšnes et d’autre part, en bĂątissant des propositions catĂ©chĂ©tiques pour tous les Ăąges ainsi que des liturgies domestiques. Achetez cet articleCatechisme en images. Achetez cet article issu de nos LivresCatechisme en images. R240061250 CaractĂ©ristiques dĂ©taillĂ©es RĂ©fĂ©rence R240061250 Classement Dewey 268 Fiche créée le 27/03/2014 Description MAISON DE LA BONNE PRESSE. 1908. In-Folio. BrochĂ©.... Plus d'informations. Commander ce produit En stock du mĂȘme auteur 39,80 € Description du produit Catechisme en images. par Adveniat regnum tuum MAISON DE LA BONNE PRESSE. 1908. In-Folio. BrochĂ©. Etat d'usage, Couv. dĂ©fraĂźchie, Dos abĂźmĂ©, Papier jauni. Environ 130 pages - dos partiellement manquant - tĂąches sur les plats - coins frottĂ©s - tĂąches en pied de page en dĂ©but d'ouvrage sans consĂ©quence sur la lecture - textes sur deux colonnes - 66 gravures en noir et blanc hors texte - dĂ©chirure Ă  l'intĂ©rieur de l'ouvrage sans rĂ©elle consĂ©quence sur la lecture - 2 photos disponibles.. . . . Classification Dewey 268-CatĂ©chisme Informations SupplĂ©mentaires Gravures en noir et blanc avec l'explication de chaque tableau en regard - ces tableaux en noir sont la rĂ©duction des Chromolithographies du grand catĂ©chisme en images mesurant chacune 0,48 x 0,66. Classification Dewey 268-CatĂ©chisme Vos derniers articles vus L'historique de vos consultations a Ă©tĂ© effacĂ©. Souhaitez vous continuer Ă  sauvegarder vos consultations ?
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